Malgré sa proximité avec les arcanes algériens, Akram Kharief a eu des mots d'une rare franchise sur la situation de l'Algérie. Il rejette l'idée de voter dans les élections du 7 septembre, où Abdelmadjid Tebboune sera sans doute réélu. Des commentaires surprenants, autocensurées, que Barlamane.com a pu consulter. Akram Kharief, l'expert en sécurité et patron du site spécialisé Mena Défense, réputé proche des élites dirigeantes en Algérie, a affirmé, dans des propos tenus sur sa page Facebook, qu'il «ne voter[a] pas dans une élection [la présidentielle du 7 septembre] qu'il sai[t] par avance truquée», révélant que le régime actuel «ne possède plus aucune figure politique crédible pour l'avenir» et «qu'il prépare l'actuel député positionné islamiste Abdelkader Bengrina pour le scrutin de 2019.» D'après M. Kharief, «l'Algérie est encore plus islamisée aujourd'hui qu'elle ne l'était dans les années 1990 [à l'ère de la guerre civile algérienne (1992-2002) qui a opposé le gouvernement à des groupes islamistes armés].» Abdelkader Bengrina n'est pas n'importe qui. Selon Jeune Afrique, «l'homme a des amis et des entrées dans le saint des saints du pouvoir. Le fait qu'il soit reçu à plusieurs reprises par le président Tebboune lui confère une place assez singulière dans le paysage politique de la nouvelle Algérie.» Selon la publication panafricaine, «son parti, El-Bina, est mieux loti que la grande majorité des formations politiques avec 39 sièges à l'Assemblée populaire nationale (APN) et deux membres dans le gouvernement de Nadir Larbaoui.» Jeune Afrique qualifie Bengrina d'«islamiste en costume d'alpaga» qui «donne son avis sur tout, délivre les bons et les mauvais points sur la politique étrangère et la diplomatie, donne des conseils sur le mode de gouvernance, sermonne et menace des pays étrangers et prétend même être dans le secret des dieux.» Un homme «opportuniste [et] coutumier des provocations loufoques et fantaisistes, parfois à connotation raciste» ou à destination du Maroc. Pour rappel, seuls trois candidats sur les seize prétendants ont été autorisés par l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) à concourir pour l'élection présidentielle anticipée prévue le 7 septembre. Le président sortant et figure du régime Abdelmadjid Tebboune, Abdelali Hassani Cherif, candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste), et Youcef Aouchiche du Front des forces socialistes (FFS). Les dossiers de Saïda Neghza, dirigeante de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA) ou encore celui de Zoubida Assoul, chef de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), ont été écartés. En juillet, Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (trotskiste), a annoncé le retrait de sa candidature à la prochaine élection présidentielle, évoquant des «conditions injustes» et un «cadre législatif régressif et antidémocratique» qui bafoue «le droit du peuple à choisir librement entre les programmes politiques.»