Un ultime numéro pour lister ses actions d'éclat et ses bonnes œuvres ? Abdelmadjid Tebboune, face à des commis médiatiques acquis à sa cause, s'est tout de même embrouillé dans les chiffres, lors d'un entretien laborieux d'un président d'apparat qui ne décide plus de rien. Ira-t-il jusqu'à la présidentielle ? S'il y va, sera-t-il en état de faire campagne ? Les conseils inquiets pleuvent sur lui : qu'il se ménage, il est fragile ! Pourvu qu'il désigne un successeur lui-même ! C'était le numéro d'un délégué de l'administration qui compulse les dossiers d'un doigt hâtif, samedi 30 mars. Pour résumer rapidement : l'anticipation de la présidentielle au 7 septembre était «purement technique»; les surfaces exploitées à Adrar (commune située au sud-ouest d'Alger) pour produire du lait écrémé en poudre atteindront 100 000 hectares (AL24 News a supprimé la vidéo en catastrophe); le PIB algérien devrait dépasser les 400 milliards de dollars à mi-2026 (contre 220 milliards USD actuellement); «nos voisins (non mentionnés) ont quitté la bonne voie, Dieu les guide sur le droit chemin» : durant 71 minutes, le président algérien Tebboune a répondu aux questions des représentants de l'Etablissement public de télévision (EPTV). Filmée en direct, la rencontre a été multidiffusée par les chaînes algériennes. La foi du concierge attestée par des agents recenseurs complaisants durant un monologue qui prête à sourire. "L'algérie a un accord pour une plantation de 100,000 hectares qui lui permettra de produire du lait en poudre" Nous reconduirons le président Tebboune pour un second mandat. https://t.co/Y7YfthbBQL — ⵓ. ⴽⴰⵔⵉⵎ (@realMozzz) March 30, 2024 Le président algérien Abdelmadjid Tebboune n'a plus son destin en main. Il a refusé de se prononcer sur sa candidature à un deuxième mandat lors de la présidentielle anticipée du 7 septembre. «Je m'abstiens d'y répondre», a-t-il dit, laissant entrevoir de grandes divergences «sur son maintien ou sur son départ» de la présidence. Par la même occasion, il n'a pas expliqué les raisons selon lesquelles la présidentielle a été avancée au 7 septembre, évoquant simplement «des paramètres purement techniques» et soulignant que «décembre n'est pas la date idoine pour tenir un scrutin» en Algérie. Il s'est également montré (un peu trop) optimiste pour la croissance de son pays, estimant que le PIB algérien devrait dépasser les 400 milliards de dollars à mi-2026, contre 220 milliards en 2023 selon des estimations internationales. Des chiffres fantaisistes claironnés sans la moindre étude, comme si le président sortant, qui aime mieux tout perdre que de rien concéder, voulait se décharger d'un lourd fardeau. LES FAUX CALCULS DU PRESIDENT | Ce doit être sacrément humiliant de raconter autant d'inepties et pourtant Abdelmadjid Tebboune, a déclaré ce soir que le PIB de l'Algérie dépassera les 400 milliards de dollars en 2026. pic.twitter.com/1i62D4ARas — Estefano Andaloucia (@EAndaloucia) March 30, 2024 Souvent il y avait ballottage ; alors la comédie s'allonge, le moulin de «la souveraineté nationale à préserver» est ingrat, improductif. La présidentielle de 2024 est annoncée, vaguement d'abord, puis sans candidats futurs, avant d'être fixée en septembre. Tebboune force les portes qui s'entrebâillent, sauf que, au sommet du pouvoir, deux courants se livrent une lutte sans merci : le premier assure que la candidature de Tebboune est prévue sans qu'il bouge de chez lui ; elle est certaine, inévitable, comme la succession du jour et de la nuit. Le deuxième courant ne veut pas d'un candidat de fantaisie ou d'occasion, mais un représentant du courant actuel personnifiant une Algérie radicalisée sur tous les plans. Entre eux, une opposition matraquée qui dénonce un régime agissant comme un entrepreneur sans foi qui soumissionne une élection suprême comme un marché.