Alors que les autorités maliennes ont annoncé, jeudi 25 janvier, la «fin, avec effet immédiat», de l'inutile accord d'Alger signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du nord du pays, longtemps considéré comme fragile, la diplomatie algérienne a vivement réagi, vendredi 26 janvier. L'Algérie, qui a multiplié les entorses au principe de non-ingérence, ligne rouge qui, naguère, présidait à la politique étrangère qu'elle mène, au motif d'éliminer toute menace sur sa souveraineté, a évoqué «les conséquences» de la décision ferme de Bamako, se permettant de s'adresser de front au peuple malien, en notant que «l'Algérie a un devoir d'information envers le peuple malien» et qu'il doit «savoir et doit se convaincre que la longue liste des raisons invoquées à l'appui de la dénonciation de l'Accord ne correspond absolument ni de près ni de loin à la vérité ou à la réalité.» Le communiqué algérien, au ton plastronneur, argue que «toutes les mesures maliennes ont soigneusement préparé le terrain à l'abandon de l'option politique au profit de l'option militaire comme moyen de règlement de la crise malienne.» Il insinue que «le peuple malien frère doit savoir que des décisions aussi malheureuses et aussi malvenues ont prouvé par le passé que l'option militaire est la première menace à l'unité et à l'intégrité territoriale du Mali», sous-entendant que le pouvoir malien souhaiterait recourir aux armes. La diplomatie de Attaf a averti que «répéter les erreurs du passé, c'est prolonger indûment la tragédie et les malheurs pour le Mali et pour le peuple malien frère». Accord indigent et adynamique Pour expliquer la révocation de l'accord d'Alger, Bamako a invoqué «le changement de posture de certains groupes signataires», mais aussi «les actes d'hostilité et d'instrumentalisation de l'accord de la part des autorités algériennes dont le pays est le chef de file de la médiation», selon le communiqué lu à la télévision d'Etat par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement. Début janvier, Assimi Goïta, avait annoncé lors de ses vœux de Nouvel An la mise en place d'un «dialogue direct inter-malien» pour «privilégier l'appropriation nationale du processus de paix». Le gouvernement «constate l'inapplicabilité absolue de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger, signé en 2015, et, par conséquent, annonce sa fin, avec effet immédiat», dit le communiqué. Le gouvernement malien a dit «constater avec une vive préoccupation une multiplication d'actes inamicaux, de cas d'hostilité et d'ingérence dans les affaires intérieures du Mali par les autorités» algériennes, et «une perception erronée des autorités algériennes qui considèrent le Mali comme leur arrière-cour ou un Etat paillasson, sur fond de mépris et de condescendance». Parmi différents griefs, Bamako reproche à l'Algérie d'héberger des bureaux de représentation de certains groupes signataires de l'Accord de 2015 et devenus «des acteurs terroristes». Le régime malien «exige des autorités algériennes de cesser immédiatement leur hostilité.»