La Cour des comptes a recommandé, dans son rapport annuel 2022-2023, l'adoption d'une vision intégrée en matière d'orientation de l'offre de formation vers les besoins en compétences du marché du travail. Elle a également appelé à mettre en place un système d'information dédié à travers l'adoption d'un cadre juridique relatif au système statistique national et le repositionnement de l'observatoire national du marché du travail en tant que structure autonome tout en accélérant la création des observatoires régionaux de l'emploi et en harmonisant les nomenclatures statistiques des activités, des diplômes et des professions. S'agissant du volet des « Secteurs productifs et des infrastructures » du rapport, qui comprend des synthèses établies à partir des résultats de 259 missions de contrôle réalisées par les juridictions financières, dont 230 ont été exécutées par les Cours régionales des comptes, la Cour a souligné, concernant l'emploi des jeunes, la persistance de la faiblesse de l'adéquation entre l'offre de formation et les besoins en compétences du marché du travail, due essentiellement à l'insuffisance des passerelles entre les systèmes de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle et à l'absence d'une vision intégrée en matière d'orientation. De plus, l'action publique en matière d'emploi, notamment l'insertion des jeunes, se caractérise par la multiplicité des acteurs qui interviennent à plusieurs niveaux, sans une définition claire et précise de leurs responsabilités et rôles ainsi que des relations qui les lient, relève-t-on. De ce fait, la Cour a recommandé de renforcer le rôle des organes de gouvernance du marché de l'emploi et la coordination entre eux, en garantissant la convergence et la synergie de l'action publique dans ce domaine. Elle a préconisé, aussi, d'intégrer la dimension de l'emploi, avec la qualité requise, au niveau des stratégies sectorielles et des incitations à l'investissement prévues par les différents programmes publics, et de mettre en place des mécanismes de mesure, de suivi et d'évaluation. Par ailleurs, et malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour développer le tourisme interne, par la mise en place d'une offre touristique adaptée aux besoins des touristes internes, la Cour a relevé un retard dans l'exécution d'un certain nombre de projets d'aménagement y afférents, tels que les projets de développement des stations touristiques s'inscrivant dans le cadre du plan « Biladi » ainsi que dans la mise en œuvre du mécanisme des « chèques vacances ». La Cour a dans ce sens recommandé de revoir le schéma de gouvernance des projets relatifs au développement du tourisme interne prévu à l'échelle territoriale. Elle a préconisé également de veiller à la mise en place d'une offre touristique adaptée aux besoins des touristes internes, diversifiée et répartie sur l'ensemble des territoires touristiques, à travers la dynamisation des projets « Biladi » et des projets de développement du tourisme rural et durable. La Cour a, en plus, recommandé de mettre en place une stratégie de communication qui érige le tourisme interne en secteur prioritaire, avec des objectifs à court, moyen et long terme. S'agissant de la valorisation des barrages, la Cour a relevé l'absence d'un ensemble de programmes dans ce domaine, notamment le programme dédié à la réhabilitation des canaux de transport d'eau depuis les barrages et celui de valorisation des petits barrages. De plus, il a été enregistré des retards significatifs par rapport aux prévisions au niveau des projets de barrages (16 grands barrages ont été construits sur 30 prévus au titre de la période 2010-2020) et des projets d'alimentation en eau potable à partir des barrages (06 projets ont été annulés et 13 ont connu des retards dépassant 2 ans). De même, les objectifs de la valorisation énergétique et touristique n'ont pas été atteints, ainsi que celui relatif à l'augmentation du volume d'eau mobilisé à l'horizon 2030 (le taux d'augmentation n'a pas dépassé 15%). Elle a également recommandé d'accélérer la mise en place des programmes et projets relatifs à la valorisation des barrages et d'activer la réalisation des études techniques et financières afférentes aux projets d'interconnexion des bassins hydrauliques, et de veiller à la qualité des études de rentabilité économique des barrages. En ce qui concerne la gouvernance du secteur portuaire, la Cour a relevé que le secteur a enregistré un développement, à deux vitesses, de l'activité portuaire entre les ports de l'agence nationale des ports (ANP) et le port de Tanger Med. Elle a aussi mis en exergue la nécessité de clarifier et de renforcer le rôle du ministère en charge de l'équipement en matière de gestion stratégique du secteur, de conclure un contrat programme entre l'Etat et l'ANP et de mettre en place des mécanismes de gouvernance dans le but de coordonner la programmation des projets portuaires et de leurs liaisons logistiques. La Cour a a dans ce sens recommandé de développer des mécanismes pour garantir la participation effective des différentes parties concernées par la gouvernance du secteur portuaire, tout en veillant à l'étude des différents mécanismes de financement possibles et appropriés. Elle a également recommandé de lier la planification des projets portuaires à l'établissement des liaisons logistiques nécessaires, y compris les zones logistiques et les solutions d'intermodalité et d'accélérer la conclusion d'un contrat programme avec l'ANP.