Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM), réuni mardi à Rabat, a décidé de maintenir inchangé le taux directeur à 3%. « Au regard du niveau élevé d'incertitude liée à l'évolution de la conjoncture internationale et au contexte national au lendemain du tremblement de terre, le Conseil a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 3% », indique BAM dans un communiqué publié à l'issue de la troisième réunion trimestrielle de son Conseil au titre de l'année 2023. Ainsi, le conseil a noté la nette décélération de l'inflation qui est revenue d'un pic de 10,1% en glissement annuel en février à 5% en août, favorisée par les mesures mises en place par le gouvernement, l'atténuation des pressions d'origine externe et le resserrement de la politique monétaire. Selon les projections de Bank Al-Maghrib, ce ralentissement se poursuivrait, l'inflation devant reculer de 6,6% en 2022 à 6% en moyenne en 2023 puis à 2,6% en 2024, précise le communiqué, relevant que sa composante sous-jacente connaitrait une trajectoire similaire, passant de 6,6% à 5,6% puis à 2,3% respectivement. Le Conseil a relevé également que les anticipations d'inflation aussi bien à moyen qu'à long termes ont connu une baisse sensible au troisième trimestre de 2023 et a pris note des évaluations préliminaires qui montrent que la transmission de ses trois dernières décisions de relèvement du taux directeur aux conditions monétaires et à l'économie réelle reste partielle. Sur le plan de la croissance, le Conseil de la Banque centrale prévoit une amélioration graduelle passant à 2,9% en 2023 puis à 3,2% en 2024, compte non tenu des conséquences du séisme d'Al Haouz et des retombées des mesures de reconstruction et de relance annoncées. Cette évolution serait le résultat d'un accroissement de 5% de la valeur ajoutée agricole en 2023 et de 5,9% en 2024 sous l'hypothèse d'une production céréalière moyenne de 70 millions de quintaux, fait savoir la même source, notant que pour les activités non agricoles, leur rythme de progression devrait enregistrer un ralentissement à 2,6% en 2023, suivi d'une accélération à 3% en 2024. Sur le plan des comptes extérieurs, après la forte dynamique des deux dernières années, les échanges de biens marqueraient une quasi-stagnation en 2023 avant une relative reprise en 2024, estime BAM. Les exportations connaîtraient une quasi-stabilité en 2023, avec notamment un repli sensible des ventes de phosphate et dérivés et une progression soutenue de celles du secteur automobile. Elles se raffermiraient ensuite de 5,8% en 2024, reflétant essentiellement la reprise prévue des exportations de phosphate et dérivés qui atteindraient 84,6 milliards de dirhams (MMDH) et la poursuite de la bonne performance du secteur automobile dont les ventes s'élèveraient à 155 MMDH. En parallèle, les importations resteraient en 2023 au même niveau de 2022, avec des allégements de la facture énergétique à 149,1 MMDH et des acquisitions de demi-produits, ainsi qu'une augmentation des achats de biens de consommation et d'équipement. Elles enregistreraient un accroissement de 2,2% en 2024, tiré par des hausses des importations de demi-produits et des biens de consommation. Par ailleurs, tenant compte des importantes réalisations durant la période estivale et de l'effet attendu des manifestations internationales d'envergure que devrait accueillir le Royaume durant les prochains mois, les recettes voyages s'accroitraient de 23,4% à 115,5 MMDH en 2023, avant d'afficher une baisse de 4,9% à 109,9 milliards en 2024. Pour leur part, les transferts des MRE devraient progresser de 2,5% en 2023 et de 3,6% en 2024 pour atteindre 117,5 MMDH, indique BAM, soulignant que pour les IDE, les recettes se maintiendraient à l'équivalent de 3% du PIB en 2023 et en 2024. Dans ces conditions, le déficit du compte courant se situerait autour de 2% du PIB en 2023 et en 2024 après 3,5% en 2022, estime la Banque Centrale. Au total, et tenant compte notamment des financements extérieurs réalisés et prévus du Trésor, les avoirs officiels de réserve s'établiraient à 361,8 MMDH à fin 2023 puis à 363,8 milliards à fin 2024, soit une couverture autour de 5 mois et demi d'importations de biens et services. Pour ce qui est des conditions monétaires, les taux débiteurs ont connu une hausse trimestrielle de 23 points de base à 5,26% au deuxième trimestre 2023, cumulant ainsi une augmentation de 102 points depuis le début du cycle de resserrement de la politique monétaire. Pour sa part, le besoin de liquidité des banques devrait se creuser davantage sous l'effet de la progression de la circulation fiduciaire pour s'établir à 97,2 MMDH à fin 2023 et à 113 milliards à fin 2024. Tenant compte de ces évolutions et des perspectives de l'activité économique, le crédit bancaire au secteur non financier verrait son rythme s'atténuer de 7,9% en 2022 à 3,1% en 2023 puis s'améliorer à 4,6% en 2024. S'agissant du taux de change effectif réel, il s'apprécierait de 1,1% en 2023, résultat à la fois de l'appréciation de sa valeur en termes nominaux et d'un niveau d'inflation domestique supérieur en moyenne à celui des pays partenaires et concurrents commerciaux, et de 1% en 2024 en lien avec son accroissement en termes nominaux. Sur le volet des finances publiques, l'exécution budgétaire au titre des huit premiers mois de 2023 fait ressortir une amélioration de 4,9% des recettes ordinaires, portée en particulier par l'augmentation des rentrées fiscales. En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 5,9%, reflétant la hausse de celles d'investissement, des dépenses de biens et services et de la charge en intérêts de la dette. Tenant compte notamment de ces réalisations et de l'évolution prévue de l'activité économique, le déficit budgétaire devrait, selon les projections de BAM, s'atténuer légèrement passant de 5,2% du PIB en 2022 à 5,1% en 2023 et à 4,9% en 2024.