Elisabeth Borne a demandé mardi soir au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de relancer des « concertations » pour présenter « en juillet » un projet de loi sur l'immigration en Conseil des ministres, en vue d'un examen parlementaire à l'automne, a annoncé l'entourage de la Première ministre, confirmant une information du Figaro. Il s'agit d'un nouveau revirement de la part de l'exécutif. La cheffe du gouvernement avait en effet affirmé le 26 avril, en présentant sa feuille de route pour la poursuite du quinquennat après la crise des retraites, qu'il n'existait actuellement « pas de majorité pour voter un tel texte », dont elle avait donc repoussé la présentation à l'automne. En tout état de cause, même avec ce nouveau coup d'accélérateur, une éventuelle réforme ne serait pas débattue avant l'automne. Mais cela permet au gouvernement de tenter de garder l'initiative sur ce sujet explosif alors qu'à droite, Les Républicains ont annoncé leur intention de déposer d'ici à l'été deux propositions de loi. Lors d'une réunion à Matignon mardi soir, « la Première ministre a demandé à Gérald Darmanin, en lien constant avec Olivier Dussopt et Franck Riester », les ministres du Travail et des Relations avec le Parlement, « de conduire dans les prochaines semaines des concertations pour proposer une stratégie permettant de faire adopter des mesures efficaces et pouvant rassembler la majorité présidentielle », a-t-on expliqué dans l'entourage d'Elisabeth Borne. « Ces consultations dureront un mois. L'objectif est de présenter un projet de loi en juillet pour que des mesures soient examinées au Parlement à l'automne », a-t-on ajouté. Le ministre de l'Intérieur avait déjà présenté un texte, et son examen était initialement prévu fin mars au Sénat. Mais le président Emmanuel Macron avait d'abord annoncé son report et assuré qu'il serait découpé en plusieurs textes, avant de revenir sur ces propos en plaidant pour une grande loi en « un seul texte », « efficace et juste ». Mi-avril, devant ses troupes réunies à l'Elysée, le chef de l'Etat en avait même fait une des priorités des « cent jours » qu'il a décrétés pour relancer son quinquennat. « Si on ne fait pas immigration et travail » avant le 14 juillet, avait-il martelé selon des participants, « ça veut dire qu'on ne le fera pas » du tout. Mais sa Première ministre avait acté l'impasse politique dans les jours suivants.