Loin de constituer un baroud d'honneur, le communiqué du cabinet royal critiquant les propos de Nabil Benabdellah, ministre dans le gouvernement de Abdelilah Benkirane, et secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), sur « tahakoum » (autoritarisme) en faisant allusion à un des conseillers du roi Mohammed VI, vient plutôt recadrer un peu le débat politique en cette période préélectorale qui donne lieu à des agissements et des comportements « irresponsables » de la part de certains dirigeants « populistes ». A la lecture de ce communiqué, il incombe de noter que le cabinet Royal ne l'aurait peut être pas publié si l'institution du Chef du gouvernement avait assumé la responsabilité de recadrer les débats sur la scène politique et parmi les membres du gouvernement, estiment des observateurs. Ainsi, dans un climat préélectoral, le communiqué du cabinet royal renferme plusieurs messages à l'adresse de tous les courants politiques du pays. Le communiqué est porté par le cabinet Royal, relevant son aspect éminemment institutionnel. On est par conséquent loin de la personnalisation car il s'agit de rétablir les faits autour de l'action d'une institution, souligne-t-on de même source. Les propos tenus de manière récurrente par plusieurs acteurs politiques ont visé l'institution dans son ensemble, sinon un communiqué de Fouad Ali El Himma, intuitu personae, aurait suffi. Il existe des précédents dans ce sens (en l'occurrence Taieb Fassi Jeune Afrique//le point SNI…). En outre, Il s'agit d'un communiqué diffusé le plus largement possible et non d'un droit de réponse ou une mise au point adressée au support médiatique Alayyam ayant publié les propos du secrétaire général du PPS. C'est un détail qui a son importance, précise-t-on, car il dénote du caractère global du message qui ne concerne pas que M. Benabdellah mais tous les acteurs politiques. Le communiqué a également pour objectif de rétablir la sérénité sur la scène politique polluée par plusieurs agissements électoralistes qui encouragent les citoyens à se désintéresser de la chose publique: le populisme et le nihilisme comme programme politique et palliatif à la vacuité des idées, la volonté de favoriser la perception d'un état d'exception politique alors même que le Royaume s'est inscrit dans le cadre de la normalité depuis plus d'une décennie, et celle de montrer un courage politique alors même que la liberté d'expression est une constante consacrée dans les textes et dans l'action de l'Etat. Sans oublier l'entretien d'un double discours « nihilisme institutionnel » dans l'objectif de s'assurer une grande visibilité et de le rentabiliser électoralement. Ce type de duplicité est connu à travers l'histoire et ses acteurs ont souvent été qualifiés par « Ceux qui prient derrière Ali et dînent avec Mou'awiya ». Le communiqué vient ainsi rappeler aux partis la nécessité de mener les débats sur les programmes et les bilans et à combler le gap entre les outils institutionnels avancés mis en place par la constitution de 2011 et l'action partisane qui n'a pas encore entamé sa mue vers le modernisme, préférant un simple ravalement de façades, font observer les mêmes sources. Et c'est là qu'on constate le manque de responsabilité du gouvernement car le cabinet royal n'aurait peut être pas sorti ce communiqué si l'institution du chef du gouvernement avait assumé la responsabilité de recadrer les débats sur la scène politique et parmi les membres du gouvernement.