«La puissance des officines qui manipulent les médias est un vrai danger pour nos démocraties», a écrit l'auteur d'une grande contre-enquête documentée sur l'affaire Pegasus. Alain Jourdan, auteur d'une contre-enquête très documentée sur l'affaire Pegasus intitulée L'Affaire Pegasus – Les dessous d'une guerre de l'information, a exprimé de sérieuses réserves sur le bruit ayant entouré l'affaire visant le présentateur Rachid M'Barki, présentée comme un dossier «lié à une vaste entreprise de désinformation» et sur le rôle de Forbbiden Stories dans le licenciement du journaliste franco-marocain. Rachid M'Barki, ancien présentateur des journaux de la nuit de BFM-TV, a été soupçonné d'avoir diffusé des «informations qui seraient passées à l'antenne sans être validées par la chaîne habituelle, c'est-à-dire le rédacteur en chef». Au centre des attentions, un reportage sur un forum économique entre le Maroc et l'Espagne. En lançant le sujet, Rachid M'Barki avait indiqué que ce forum a été «rendu possible par le réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays depuis la reconnaissance par l'Espagne du Sahara marocain». Cette expression, précisément, a déclenché une nouvelle campagne diffamatoire contre le Maroc, alimentée par des parties françaises et algériennes. «Je reviens sur l'affaire Rachid M'Barki. Et j'invite mes confrères à s'interroger. Forbidden Stories affirme reprendre les enquêtes des journalistes assassinés ou emprisonnés grâce à des enquêtes collaboratives. Très bien. Ils déplorent et condamnent la mort de confrères mais en même temps se réjouissent de la mort professionnelle de Rachid M'Barki dont ils ont obtenu le licenciement de BFMTV», annonce d'emblée le journaliste suisse. «Oui, ils exhibent ce licenciement comme un trophée. Cela devrait nous interpeller. Une fois encore, toutes les infos sur Rachid M'Barki ont-elles été vérifiées par les médias qui les ont reprises ? Elles sont gravissimes. Forbidden Stories parle de journalisme collaboratif. Combien de confrères journalistes ont travaillé sur le cas M'Barki pour vérifier et recouper les informations ? Avec mon livre sur l'affaire Pegasus, je pointe déjà des problèmes avec ce consortium et d'autres. Si vous vous donnez la peine de bien regarder, vous pourrez constater par vous même que Forbidden Stories se réjouit du licenciement de Rachid M'Barki», a-t-il déploré. Une affaire manipulée par des ONG politisées, des informations non-recoupées Coup de théâtre : alors que BFM-TV a licencié son journaliste Rachid M'Barki, à l'issue d'un audit lancé par la chaîne, une deuxième enquête menée par le consortium Forbidden Stories est venue parasiter ce dossier : d'après des conclusions livrées en un temps record, l'affaire M'Barki serait une «petite partie d'une vaste entreprise de désinformation pilotée par une officine israélienne, qui vendrait ses services dans le monde entier». Des informations impossibles à vérifier, selon des spécialistes qui s'interrogent sur le bien fondé de cette deuxième enquête qui s'est greffée sur les investigations de BFM-TV. «On découvre que Forbidden Stories a eu pour premier réflexe de le dénoncer auprès de la direction de BFM-TV au lieu de l'appeler pour lui poser des questions sur les accusations portées contre lui. Franchement, si cette façon de faire ne pose pas de problème à ma profession, c'est qu'elle est morte», a souligné M. Jourdan, se demandant : «Que va faire la profession si on venait à découvrir que tout était faux le concernant ? Je suis triste car la cause défendue sur le papier par Forbidden Stories est noble et la puissance des officines qui manipulent les médias est un vrai danger pour nos démocraties.»