La présidence tunisienne a annoncé lundi 30 janvier au soir le limogeage des ministres de l'Agriculture et de l'Education, sans donner d'explications, dans un contexte de pénuries de produits de base, dont le lait, et de grèves sporadiques dans l'enseignement. Le président Kaïs Saïed a décidé «un remaniement partiel en nommant Mohamed Ali Boughdiri comme ministre de l'Education» en remplacement de Fethi Sellaouti, a annoncé un communiqué de la présidence. Le ministre de l'Agriculture Elyes Hamza a été remplacé par Abdelmomen Belati, a ajouté la présidence. Début janvier, le président avait déjà limogé la ministre du Commerce Fadhila Rebhi Ben Hamza et Fakher Fakhfakh, le gouverneur de Sfax, deuxième ville du pays, engluée depuis des mois dans une crise autour de la gestion de ses déchets. La ministre du Commerce avait été le premier membre du gouvernement de Najla Bouden, formé en novembre 2021, à être limogé par le président Saïed. Une inflation supérieure à 10 % Les deux nouveaux limogeages interviennent dans un contexte de tensions politiques, le pays étant en proie à de profondes divisions depuis le coup de force du président Saïed qui s'est arrogé tous les pouvoirs en juillet 2021. Ils font immédiatement suite à un deuxième tour des élections législatives dimanche marqué par un taux d'abstention record avec seulement 11,4% de participation, que beaucoup d'experts ont expliqué par un désintérêt d'une population focalisée sur ses problèmes économiques. La Tunisie est secouée par une crise financière qui s'est traduite ces derniers mois par des pénuries de nombreux produits de base (lait, sucre, riz, café…) et un recul du pouvoir d'achat du fait d'une inflation supérieure à 10%. Au bord de l'asphyxie à cause d'un endettement avoisinant les 80% du PIB, le pays est parvenu à la mi-octobre à obtenir un accord de principe du Fonds monétaire international (FMI) pour un nouveau prêt de 1,9 milliard de dollars mais attend encore son approbation définitive. Le pays a aussi été agité ces derniers mois par plusieurs grèves dans les transports et dans l'éducation nationale, pour le paiement de primes et arriérés de salaires ou des régularisations de contrats précaires.