Des responsables de l'opposition en Tunisie sont parvenus difficilement dimanche à organiser une réunion publique contre la politique du président Kais Saied dans un quartier populaire près de Tunis, après une tentative de la police de les en empêcher, selon un communiqué et des médias locaux. Le Front de salut national (FSN), principale coalition d'opposition dont fait partie le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, avait choisi pour un rassemblement en plein air le quartier de Mnihla, où habitait Kais Saied avant de déménager à l'automne 2019 au palais de Carthage, après son élection à la présidence. Sur des images de sites d'information et des pages Facebook dont celle du FSN, on voit des policiers essayer d'empêcher la tenue du rassemblement destiné à mobiliser la population contre l'accaparement de tous les pouvoirs par M. Saied, depuis son coup de force du 25 juillet 2021. Sur plusieurs vidéos, des policiers entourent le président du FSN, Ahmed Néjib Chebbi, avant qu'il ne s'adresse à plusieurs dizaines de personnes. « Malgré les tentatives du pouvoir d'interdire le FSN de se réunir à Mnihla, il a réussi à tenir un rassemblement public et à transmettre son message sur la lutte contre le coup d'Etat », a indiqué cette coalition de partis politiques dans un communiqué Sur les images des réseaux sociaux, on voit aussi des militants favorables à M. Saied, crier « dégage, dégage » ou « traitre », en direction de M. Chebbi, un homme politique de gauche qui a fait de la prison sous le dictateur Zine el Abidine Ben Ali, renversé en 2011. « Nous dénonçons l'attaque de membres des milices de Kais Saied et leur usage de la violence physique et verbale contre les dirigeants du FSN », a commenté cette coalition politique dans son communiqué, fustigeant des « menaces contre le droit d'expression et de réunion ». La coalition a appelé à « une forte participation » à une manifestation prévue le 14 janvier pour l'anniversaire de la chute de Ben Ali. Outre de profondes divisions politiques, la Tunisie est en proie à une grave crise économique qui se traduit par des pénuries de produits de base (lait, riz…) et une forte baisse du pouvoir d'achat des familles en raison d'une inflation supérieure à 10% depuis décembre. Très endettée, elle a reçu un accord de principe pour un nouveau prêt du FMI de près de 2 milliards de dollars mais en attend encore la confirmation.