Selon le député péruvien José Cueto, le Maroc a rendu un cargo qui contenait 50 000 tonnes d'urée en raison de rebondissements dans la politique étrangère du Pérou. Alors que les autorités péruviennes s'inquiètent du manque d'engrais et au moment où le président de gauche Pedro Castillo a demandé la reprise des exportations du blé ukrainien et des fertilisants russes, le Maroc a décidé de recouvrer un navire qui acheminait 50 000 tonnes d'urée après la décision de Lima de reprendre contact avec le Polisario. Selon le député péruvien José Cueto, cette décision a provoqué «de graves dissentions» avec plusieurs pays du monde arabe, à commencer par le Maroc. Les spécialistes du secteur agricole au Pérou alertent sur une «grave crise alimentaire» qui se profile. «Un acte d'engagement a été signé, de bonne volonté, matérialisant le soutien que le Maroc allait nous apporter face à la crise que ce gouvernement générait avec les achats non aboutis d'engrais. Le Maroc, qui est l'un des principaux producteurs proposés, a non seulement offert (mais) immédiatement exécuté l'expédition initiale de 150 000 tonnes d'engrais. La commande a été passée au Royaume du Maroc et une première livraison de 50 000 tonnes a été en route fin septembre», a déclaré M. Cueto. «Tous les bénéfices d'une amitié avec un peuple comme le Maroc se sont évaporés», déplore le responsable péruvien. «Personnellement, ce qui m'inquiète, c'est la question de la rasd. Même l'ONU ne les reconnaît pas et, encore que cela n'ait absolument aucun avantage pour notre pays, et nous avions rétabli nos liens avec cette république fantôme. De plus, cela n'a pas été sans conséquence avec plusieurs pays du monde arabe, à commencer par le Maroc», a-t-il déclaré. Dans un bref communiqué, diffusé jeudi 15 septembre au soir, «le ministère des Relations extérieures du Pérou réaffirme la volonté souveraine du gouvernement du Pérou de renouveler ses relations diplomatiques avec la République arabe démocratique sahraouie (RASD)». Le 18 août, après un accord avec le Maroc pour relancer la coopération bilatérale, le Pérou avait pourtant annoncé retirer sa reconnaissance à la RASD, instaurée par le président de gauche Pedro Castillo en septembre 2021, et rompre toute relation. Une décision reniée trois semaines plus tard. Résultat, le ministre péruvien des Affaires étrangères, Miguel Angel Rodríguez, promoteur de la rupture des relations, avait démissionné au lendemain d'un tweet de Pedro Castillo saluant le rétablissement des relations avec les séparatistes sahraouis.