Un Maroc démonarchisé, désuni, miné par une dissolution de l'autorité ? C'est la nouvelle théorie chimérique de Mohamed Ziane, ex-bâtonnier déchu, qui a donné libre cours à une étonnante fureur d'accusation contre le royaume dans les colonnes d'un média espagnol réputé antimarocain. Qui parle ? Un ancien ministre poussé à la démission. Un avocat déchu marocain condamné en 2021 à trois ans de prison ferme à la suite d'une plainte déposée contre lui par le ministère de l'intérieur. Il a été jugé pour onze chefs d'accusation, dont ceux d'«outrage à des fonctionnaires publics et à la justice», «injure contre un corps constitué», «diffamation», «adultère» ou encore «harcèlement sexuel. Cultiver la singulière manie de vouloir être pire que sa réputation est le seul succès de Ziane. Les temps sont durs pour l'ex-bâtonnier : il a été délogé d'un appartement des habous qu'il occupe depuis des décennies après une procédure d'expulsion locative, il a vu son fils tremper dans une affaire de trafic de masques, de désinfectants et d'autres produits médicaux de mauvaise qualité ou contrefaits (affaire dévoilée par Barlamane.comen 2020), il est même soupçonné de détournement de fonds publics quand il était à la tête du Parti Marocain Libéral (PML). Pour la moralisation de la vie publique et la nécessité de lier l'exercice de toute responsabilité ou mandat publics aux impératifs de contrôle et de reddition des comptes, on repassera. Mais aller jusqu'à réclamer le colonialisme en demandant à l'étranger de venir diriger le Maroc est impardonnable. En attendant le mot de la justice, Ziane a été lynché par les marocains en particulier dans la presse et sur les réseaux sociaux. L'origine de la haine Freud disait que « l'enfant est le père de l'homme ». Il faudrait sans doute revisiter l'enfance de Ziane pour comprendre cette fin tragique de l'homme. Particulièrement cette période des années 1950 où, enfant, il servait dans une église catholique à Malaga où régnait un prêtre pédophile. Soixante dix ans plus tard, en juin 2020, Alfonso Caparrós, 76 ans, victime dudit prêtre raconte tout. Son témoignage a été publié par El País le 10 octobre. Un soulagement moral. Mais à 80 ans, Ziane vit toujours seul ce passé tragique dont il n'est pourtant pas responsable, et refuse une catharsis qui aurait sans doute contribué à le libérer. Mohamed Ziane est victime de ses mauvaises passions. Il déverse sa haine sur les institutions de son pays. Il digère très mal la diffusion d'une vidéo compromettante de lui par les réseaux sociaux, survenue en 2020. Barlamane.com a prouvé l'authenticité de l'enregistrement audiovisuel où Mohamed Ziane apparaît nu, dans une chambre d'hôtel, avec une cliente mariée qui a fui vers les Etats-Unis après le scandale. S'en est suivies des allégations infondées et une plainte pour offense aux institutions officielles. El Independiente, organe hostile au Maroc, croit-il attenter au royaume en interrogeant ce trublion de 80 ans ? Une autre explication est plausible : Mohamed Ziane profite d'El Independiente et autres médias pour tenter de diffamer les services sécuritaires. Le moyen n'était pas neuf. C'est le même que Maati Mounjib, Aboubakr Jamaï, Fouad Abdelmoumni et consorts -sans parler des escrocs Zakaria Moumni, Dounia Filali et Mohamed Hajib- emploient pour leurs propres intérêts. Cela est admis et passé en coutume. On a lu l'entretien de Ziane. C'est un déchaînement de suppositions qui toutes se contredisent et se tiennent en échec. Depuis quand Mohamed Ziane parle-t-il de liberté, d'honneur et de patrie ? C'est la décomposition morale et intellectuelle de cet ex-avocat qui doit inquiéter. Mohamed Ziane, comme d'autres, voit mal le Maroc dirigé par un roi fort qui garde la main haute sur le pouvoir exécutif et s'attache à l'autorité religieuse suprême du pays en tant que commandeur des croyants. Où est passé le bâtonnier qui insistait durant de longues années sur la nécessité de préserver «les prémisses référentielles immuables du pays» et «la sacralité des constantes qui font l'objet de l'unanimité nationale» ? Triste fin pour un ex-commis de l'Etat, se déshonorer au point d'attaquer son pays via des médias étrangers, mercenaires de surcroît. Attaquer simultanément et de front le principe d'autorité au Maroc est un acte vain tenté à plusieurs reprises. Le système politique s'améliore ; la société prenait conscience d'elle-même, et la liberté se développe sans contradiction, sous l'aile de l'élan populaire que M. Ziane méprise. Réactions égoïstes et infondées Mohamed Ziane est devenu l'agent responsable d'une politique, heureusement impuissante, de réaction et de rancune. La foi au pouvoir ainsi que le respect de l'autorité et des institutions sont intactes au Maroc. Cet entretien a le don de démontrer combien les délits commises par certaines personnes deviennent pour elles un prétexte de vengeance égoïste contre tout un pays. La position du Maroc dans le monde est inexpugnable. Les offenses commises par la voie de la presse contre le royaume ou son roi à travers des faits controuvés et travestis ne méritent que l'indifférence. L'autorité au Maroc est soucieuse de toutes les questions légales, ce qui l'occupe moins, c'est de se soucier des crieurs, des colporteurs et des diffamateurs qui ont vendu depuis longtemps leur dignité. Il est regrettable que la vérité et la justice se trouvent, de propos délibéré, et par un entêtement intraitable, foulées aux pieds par ceux-là mêmes qui devraient les défendre. L'éternel dilemme se serre de plus en plus, et se pose dans son inexorable profondeur : qui a l'intérêt à offrir une tribune à des voix certes inaudibles, mais qui nourrissent les extrêmes et les extrémismes ?