Au lendemain de la prononciation du verdict dans le procès de l'ancien ministre des Droits de l'homme, Mohamed Ziane, la réaction des associations de droits humains épaulant la plaignante Najlae Al Fayçali est catégorique. Dans un communiqué conjoint, la Ligue Marocaine des Droits de l'Homme, l'Association « Adala » pour le droit à un procès équitable et l'Alliance Marocaine de la Citoyenneté et des Droits de l'Homme ont annoncé qu'elles allaient continuer à suivre de près les suites du procès opposant Al-Fayçali à l'ex bâtonnier Mohamed Ziane. Exhortant ce dernier à mettre fin à ses menaces et ses diffamations à l'encontre de sa victime, ces ONGs n'ont pas manqué de souligner que Ziane aurait dû être poursuivi pour traite d'êtres humains. Chefs d'accusation « Si l'affaire de la plaignante Najlae Al Fayçali avait été séparée des autres dossiers judiciaires concernant l'ex bâtonnier, ces méfaits auraient pu être qualifiés comme étant de la traite d'êtres humains. Tous les éléments de ce dossier le confirment » assure Driss Sedraoui, Président de la Ligue Marocaine des Droits de l'Homme. Poursuivi pour «outrage à la justice», « adultère » et « harcèlement sexuel », l'avocat Mohamed Ziane a écopé de trois ans de prison ferme et d'une amende de 5.000 dirhams. Il a également été condamné à verser une amende de 100.000 dirhams à sa victime Najlae Al Fayçali et un dirham symbolique à l'Etat marocain. Une peine qui serait, selon ses détracteurs, en dessous de la gravité de ses agissements. « Certes ce verdict confirme la culpabilité de Ziane concernant le chef d'accusation de harcèlement sexuel. Mais ce qu'il a commis contre Najlae Al Fayçali dépasse de loin le harcèlement et s'apparente plutôt à de la traite d'êtres humains », ajoute Sedraoui. Ce dernier note que tous les éléments et les preuves indiquent que « Ziane a financièrement abusé de sa victime tout en lui faisant subir un chantage sexuel dans le but de la soumettre à ses désirs et ses caprices ». Revenant à la charge, les associations soutenant Al Fayçali appellent la justice « à séparer son affaire du reste du dossier judiciaire pesant sur Ziane pour éviter qu'elle ne soit entrainée par ce dernier dans d'autres affaires » soutient Driss Sedraoui. Flash back En janvier 2021, le Ministère de l'Intérieur avait décidé d'activer une poursuite judiciaire contre l'ex-ministre des Droits de l'Homme à travers le dépôt d'une plainte devant le Parquet près du tribunal de première instance de Rabat. Ceci suite aux déclarations et aux graves accusations qu'il avait proférées à l'encontre d'une institution nationale. De son côté la plaignante Najlae Al Fayçali a fait une sortie médiatique, le 31 janvier 2022, en vue de présenter son affaire. Organisée par la Ligue Marocaine pour la Défense des Droits Humains, la Ligue Marocaine pour la Citoyenneté et les Droits de l'Homme et l'association Adala, cette conférence a été l'occasion pour la plaignante « de répondre à la campagne de diffamation acharnée menée par Mohamed Ziane » explique alors l'avocat de la plaignante Aissam Beggar. Racontant comment elle avait fait la connaissance de Ziane, Najlae Al Fayçali a affirmé qu'elle avait lié contact avec lui via les réseaux sociaux, afin qu'il prenne en charge son affaire aux Emirats Arabes. Elle a déclaré que l'avocat lui avait demandé par la suite de venir en personne au Maroc pour compléter les procédures. La plaignante a raconté qu'en arrivant à Rabat, Ziane lui avait proposé d'aller passer un « bon moment » dans un hôtel à Tanger. Piégée mais gardant son sang froid, la dame a expliqué à la presse qu'elle avait opposé un grand non aux propositions indécentes de l'avocat. «Il s'est révolté et est entré dans une colère noire, à tel point que j'ai eu peur pour ma sécurité », ajoute Najlae Al Fayçali. Selon cette dernière, Ziane a ensuite disparu pendant six jours la laissant sans nouvelles. « Un chantage bas de gamme avant de se livrer à des actes de harcèlement sexuel et moral par téléphone. Il m'a envoyé des photos de lui nu et des audio menaçants », raconte-t-elle. De leur côté, Mohamed Ziane et son fils ont affirmé que la plaignante ne voulait pas payer les frais d'avocat. L' accusé a même présenté aux médias une femme, ayant travaillé chez Najlae Al Fayçali comme domestique, pour qu'elle appuie ses dires. Un témoignage choquant que la plaignante et sa défense ont réfuté et considéré comme une tentative d'intimidation et de diffamation incriminant Ziane plutôt...