Le président tunisien Kais Saied est incapable de sévir contre les spéculateurs à qui il impute les pénuries alimentaires actuelles. Ces derniers jours, café, lait, farine et sucre sont soit introuvables dans les magasins, soit vendus en très petite quantité. L'industrie alimentaire tunisienne s'effondre et le landerneau politique se demande : où est passé le prêt de 300 millions de dollars accordé par l'Algérie, à la veille de la visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune à Tunis, en décembre 2021 ? La Tunisie est confrontée à une grave crise économique, avec des tensions politiques freinant l'enthousiasme des investisseurs et des bailleurs de fonds. La situation actuelle, caractérisée par une croissance en berne depuis dix ans (0,6% par an en moyenne) et une forte inflation de 6% par an, a été aggravée par la pandémie et les caprices du régime algérien, ayant décidé une fermeture unilatérale des frontières et privant, de ce fait, la Tunisie de cruciales recettes touristiques. Le ministre des Affaires sociales, Malek Zahi, envoyé en première ligne, a affirmé récemment que le pays était confronté à des pénuries, les imputant à des prétendues perturbations des chaînes d'approvisionnement et la hausse des prix et des coûts du transport au niveau mondial, dans le contexte de la guerre en Ukraine. Sauf que les observateurs économiques affirment que la crise est surtout due aux problèmes financiers de l'Etat tunisien, aux promesses non tenues des donateurs et ses faibles réserves de devises. La Tunisie est actuellement en négociation avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt d'environ deux milliards de dollars destiné à faire face à sa grave crise financière, qui a empiré depuis que le président très contesté Saied s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.