Pour le tabloïd anglais « The Sun », qui fustige l'organisation en amont du match disputé près de Paris, le Stade de France s'est transformé en « Stade de Farce ». Un « scandale sans nom », a estimé le quotidien sportif espagnol « As ». Un triste spectacle. Le sacre du Real Madrid en finale de la Ligue des champions face à Liverpool (1-0) a été éclipsé par des scènes chaotiques aux abords du Stade de France (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis) où s'est disputée, samedi 28 mai, la finale de la grande compétition européenne de football. Spectateurs bloqués à l'entrée du stade, gaz lacrymogènes, et tentatives d'intrusion en escaladant des barrières... Dans la presse européenne, les journalistes sont largement revenus sur les incidents survenus autour du Stade de France. A commencer par les médias britanniques. Plus que sur la défaite de Liverpool (1-0), les journaux ont insisté logiquement sur les graves défaillances constatées en marge de la rencontre en raison des difficultés d'accès à l'enceinte de Saint-Denis, qui ont retardé le coup d'envoi du match de plus d'une demi-heure et provoqué des tensions à l'extérieur. Le tabloïd The Sun est le plus virulent avec un titre en français (« Stade de Farce ») et le témoignage de Marvin Matip, le frère du défenseur du club de Liverpool, Joël Matip, qui a raconté avoir dû se réfugier dans un restaurant avec sa femme enceinte pour échapper aux gaz lacrymogènes dispersés dans leur direction. Le Telegraph publie de son côté le récit accablant de Jason Burt, le chef de la rubrique football du journal. « J'étais devant la porte Y quand j'ai été pris dans les gaz lacrymogènes utilisés sans discernement par la police antiémeute française au Stade de France », a-t-il raconté dans un article. Et d'ajouter : « Je parlais à des supporteurs qui attendaient tranquillement, certains depuis trois heures, quand ils ont atteint mon visage, me piquant les yeux, mes lèvres et ma langue. J'ai vu qu'on en dispersait. Je n'arrivais pas à y croire (...) c'était absolument honteux. » Soulignant les « goulots d'étranglement » vers lesquels étaient dirigés les supporteurs des Reds pourtant arrivés deux heures et demie avant le coup d'envoi et les contrôles « insupportablement lents », Burt estime : « C'est une honte que l'UEFA ait accusé les supporteurs d'être arrivés tardivement. C'est tout simplement faux. Ils ont essayé de lancer leur version. Maintenant, ils doivent s'excuser. » «Hordes de barbares» Du côté espagnol, l'accent est surtout mis sur le quatorzième titre continental du Real Madrid. Le quotidien sportif Marca a ainsi rebaptisé ce sacre la « Decimocurtua », un jeu de mots entre le nom de l'infranchissable gardien belge Thibaut Courtois et le chiffre quatorze. « Avec neuf arrêts, Courtois a été le héros indiscutable de la finale », a souligné le journal le plus vendu d'Espagne, dimanche, à sa « une ». Mais les incidents de la soirée tiennent également une large place dans les journaux ibériques. Alfredo Relano, président d'honneur du quotidien sportif As et voix respectée du football espagnol, se montre très sévère dans un éditorial, dénonçant Liverpool et « ses hordes de barbares sans ticket d'entrée » qui « ont créé un scandale sans nom aux portes du stade, qui aurait bien pu provoquer une catastrophe, même si tout [était] heureusement rentré dans l'ordre avec le retard du coup d'envoi ». Des faits qui ne « peuvent pas rester impunis », a-t-il ajouté. « Une honte : la finale a débuté avec une demi-heure de retard à cause du chaos aux accès du stade », a affiché le quotidien catalan Sport en bandeau de sa « une », dimanche. Les médias allemands s'interrogent aussi sur des défauts d'organisation de l'Union des associations européennes de football (UEFA). « La soirée du chaos », écrit Bild, pour qui, sur le plan sportif, il s'agit de « la défaite la plus amère de Klopp », l'entraîneur allemand de Liverpool. En Italie, la presse salue sans surprise le quatrième titre de « l'empereur » Carlo Ancelotti (Corriere dello Sport). « Encore un match parfait, pour les choix, la gestion et la préparation. Il est le premier à arriver à quatre Ligue des champions. Une saison énorme, une fierté italienne, merci Carlo ! », souligne La Gazzetta dello Sport. Le Corriere dello Sport revient comme toute la presse italienne sur le « flop de l'organisation » parisienne. « Une mauvaise soirée en conclusion d'une triste saison pour la France, où se sont multipliés dans les stades les problèmes de sécurité et d'ordre public », écrit le journal romain.