com et d'autres médias avaient dressé un constat accablant de cette situation, entre le flou complet des documents à produire, l'argent qu'il faut verser et qui n'est pas remboursé même si la demande est n'a pas été traîtée. «L'instruction des dossiers et la prise de décision, qui constituent la partie régalienne de l'activité visa», comme l'explique Paris, n'ont pas été remplies lors du déclenchement de la Covid-19 en mars 2020. Des milliers de Marocains ont été lésés et les chiffres sont terribles : 50 000 personnes ont enrichi la trésorerie française de plus de 42 millions de dirhams sans pour autant se rendre en France ni recouvrer le coût de leurs dossiers. Pour une demande de visa, il faut verser (sauf exceptions) des frais de dossier aux consulats : 60 euros pour un visa court séjour, 99 euros pour un long séjour, sans oublier les «frais de service». Au total : quelque 1 100 dirhams par dossier. Nos sources remettent en cause les pratiques consulaires en matière d'octroi des visas dans le contexte de la pandémie. Le flou complet des documents à produire eu égard à la Covid-19, l'argent qu'il faut verser pour déposer de nouveaux dossiers, les délais d'instruction extrêmement variables, les refus sans explications et les informations imprécises sur les voies de recours. Pour pouvoir obtenir un rendez-vous, certains Marocains lésés ont été appelés à payer des frais de service supplémentaires, ce qui contrevient à la réglementation européenne (code communautaire des visas). D'autres ont refusé de payer une nouvelle fois les frais des dossiers redéposés. «Ces coûts supplémentaires imposés aux usagers sont une discrimination économique pour les familles les moins aisées», disent nos sources qui affirment le consulat de France à Rabat a promis qu'il n'y aurait pas s'acquitter de nouveaux frais. «Il est à craindre que cela s'apparente à une pure arnaque», déplorent certains demandeurs qui, alors qu'ils ont eu la possibilité de déposer leur demande une nouvelle fois, auprès de TLS. Excédés, ils ont été informés par le prestataire privé que l'engagement des autorités français à leur éviter de nouvelles dépenses est désormais nul et non avenu. «Les services consulaires au Maroc se sont emparées des sommes consacrées au traitement des demandes de visas et l'usager marocain paye aussi les carences de l'administration, incapable d'organiser elle-même une bonne issue pour les dossiers non traités», déplorent certains demandeurs. Cet énorme scandale survient alors que le tribunal de Paris a déclaré irrecevables les poursuites en diffamation intentées par le Maroc contre des parties françaises dans le cadre de l'affaire Pegasus. L'avocat du Maroc a décidé de faire appel. Sans se prononcer sur le fond du dossier, les décisions se fondent sur un article très controversé de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, qui «ne permet pas à un Etat, qui ne peut pas être assimilé à un particulier au sens de ce texte, d'engager une poursuite en diffamation». Une volonté manifeste de maintenir cette affaire au point-fort. En attendant, le scandale des dossiers non traitées reste d'actualité.