Le 19 mars dernier, les autorités algériennes ont déclaré être « très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental », rappelant leur ambassadeur à Madrid « pour consultations avec effet immédiat» et annonçant ensuite des conséquences sur le prix du gaz importé par l'Espagne. Les autorités espagnoles ont, de leur côté, assuré avoir avisé le régime algérien de leur soutien au plan d'autonomie du Maroc au Sahara. Ce 7 avril, la ministre espagnole de la transition écologique revient sur l'approvisionnement en gaz algérien et les relations commerciales hispano-algériennes normales. Dans une déclaration officielle à l'agence de presse EFE, ce jeudi 7 avril, Teresa Ribera, ministre de la Transition écologique et troisième vice-présidente du gouvernement, s'est montrée convaincue que l'Algérie respectera ses engagements gaziers avec l'Espagne : « Dans la mesure où c'est un pays fiable et que nous n'avons jamais eu aucune indication qu'il allait manquer à ses engagements, nous pouvons être calmes et sereins ». Dans une autre déclaration, le même jour, à la télévision publique, TVE, que rapporte Europapress, elle confirme une hausse modérée prévue depuis octobre dernier au vu des cours mondiaux ; une hausse, toujours en négociation entre les entreprises espagnoles et la Sonatrach algérienne. « L'intention de Sonatrach est d'augmenter les prix, mais cela date d'octobre dernier, car elle prend en compte le fait que les prix sont bien inférieurs au prix auquel le gaz était coté sur les marchés internationaux » Les engagements de l'Algérie auxquels Ribiera se réfère concernent autant l'approvisionnement que les prix fixés. Rappelons que la ministre de la Transition écologique est en même temps troisième vice-présidente du gouvernement, poste qui lui confère une spécificité et une stature particulières au sein du gouvernement : en tant que telle, elle est nommée par décret royal sur proposition du président du gouvernement, dans un décret séparé des autres membres du gouvernement, en plus de son portefeuille ministériel. Elle réitère ainsi, en filigrane et à la lumière de sa déclaration qui coïncide avec la visite du Chef de gouvernement Pedro Sanchez au Maroc, que la nouvelle position espagnole en faveur de l'intégrité territoriale et la souveraineté du Maroc sur le Sahara à travers le plan d'autonomie était bien connue de l'Algérie, en tant que partie prenante à part entière dans le différend autour du Sahara marocain, avant son annonce publique, selon les règles diplomatiques de mise entre parties concernées. Et ce, ainsi que l'avait annoncé le gouvernement espagnol le 19 mars dernier. Par conséquent, les relations commerciales sont maintenues selon les accords signés, la négociation sur la hausse des prix étant un détail déterminé par la fluctuation des cours du gaz à l'international et aucunement en tant que réponse à la nouvelle position espagnole connue de toutes les parties prenantes et actée par elles. Cette déclaration réitérée publiquement aux médias publics espagnols par les voix les plus autorisées au niveau gouvernemental induit que les annonces du côté d'Alger -dont le rappel de son ambassadeur à Madrid-, sont des effets d'annonces de politique intérieure destinés aux Algériens dont « leur département de Tindouf » sans effets sur les équilibres stratégiques de la région. C'est aussi ce que confirme amplement la mouture de la proposition de loi non contraignante condamnant l'appui de Pedro Sanchez à l'initiative marocaine d'autonomie au Sahara, présentée au parlement espagnol par les alliés du polisario. Le texte voté aujourd'hui a été élagué de la littérature algéro-polisarienne portant des revendications d' «organisation d'un référendum», de «droit du peuple sahraoui à l'autodétermination » ne mentionnant pas non plus la question en tant qu'« affaire d'Etat » comme l'avait précédemment souhaité Unida-Podemos (extrême gauche). Ce n'est qu'amputé de toutes les revendications traditionnelles du polisario (et sachant que Sanchez bénéficie toujours de la confiance de sa coalition, que l'issue du vote a été la suivante) : 168 oui (Unidas Podemos, ERC y EH Bildu et PP ), 118 non (PSOE) et 58 abstentions (Vox et Ciudadanos qui a, par la voix de son député, Miguel Gutiérrez, qualifié le polisario de groupe terroriste) Après 46 ans de craintes de « représailles diplomatiques » algériennes concernant le gaz notamment, la tournure du texte présenté au parlement, le ralliement du PSOE entier à Sanchez et le nombre d'abstention montre un ébranlement profond en l'espace de 15 jours (du 18 mars au 7 avril) des anciennes convictions et ouvre la voix au processus politique onusien appuyant le plan d'autonomie du Maroc seul jugé « crédible et sérieux ».