Marita Lorenz (19ans), la Mata Hari des Caraïbes, maîtresse de Fidel Castro, et ex-agent double, raconte sa vie tumultueuse entre amour fou et espionnage dans son livre » J'étais l'espionne qui aimait Castro ». Son histoire ressemble à un incroyable roman d'aventures, mais tout ce qu'elle raconte est vrai. Des camps nazis à Cuba, de la CIA à l'assassinat de Kennedy, Marita Lorenz a été le témoin direct des événements majeurs qui ont marqué le XXe siècle. C'est lors de l'un de ses voyages en 1959, à La Havane, alors en pleine révolution, que sa vie bascule : « Le lendemain de notre arrivée, je vois s'approcher de nous des petites vedettes remplies de types barbus, armés, en uniforme kaki. » A la tête des « barbudos », un géant beau comme un dieu, Fidel Castro, qui vient de renverser le régime du général Batista : « Je remarque le plus grand, qui fume un cigare, et je lui demande ce qu'il veut. «Monter sur le bateau, pour regarder», répond-il. Je dis : «OK, monte.» Je lui fais visiter le bateau, de la salle des machines à la première classe. Entre Fidel et Marita, le coup de foudre est immédiat. « Je n'oublierai jamais cette sensation », s'émeut encore aujourd'hui celle qu'il surnommait « ma petite Allemande ». Le flirt n'en restera pas là. Lors de son départ, le « Líder Máximo » promet à la jeune fille de la rappeler et tient parole. Quelques semaines plus tard, sans prévenir ses parents, Marita débarque à La Havane et entretient avec Castro une passion torride. « Il me disait : «Je suis Cuba et tu es désormais la première dame.» » Mais l'idylle tourne court. Quelques mois plus tard, enceinte, Marita boit un verre de lait et s'écroule. Elle a été empoisonnée : « Je n'ai jamais su par qui ni pourquoi. Fidel était absent. Un de ses proches m'a emmenée aux urgences, puis a organisé mon rapatriement par avion à New York. Je ne me souviens de rien. Tout ce que je sais, c'est que je me suis réveillée dans une chambre de l'hôpital Roosevelt, à Manhattan, dans un état second. » La jeune femme a subi une intervention à La Havane et l'enfant n'a pas survécu… C'est du moins ce que veut lui faire croire le FBI qui la convainc alors qu'on l'a fait avorter de force. Ce n'est qu'en 1981 qu'elle apprendra que l'enfant est vivant et s'appelle Andres. Le « lavage de cerveau » s'avère efficace. Marita rejoint les rangs anticastristes. Devenue espionne de la CIA, une « mission impossible » lui est confiée en 1961 : « supprimer Castro » en l'empoisonnant. Mais face à Fidel, l'amour l'emporte, bouleversant à jamais le cours de l'Histoire. « Je voulais le voir. Le prévenir qu'on voulait le tuer, mais il le savait déjà. Il m'a tendu son pistolet, que j'ai empoigné. Droit dans les yeux, il m'a dit : «Nul ne peut me tuer.» Il avait raison. J'ai lâché l'arme et me suis sentie libérée d'un poids. »