Le Maroc, accusé d'avoir eu recours au logiciel d'espionnage Pegasus, peut-il poursuivre en diffamation en France ? Le tribunal de Paris a examiné mardi la recevabilité des poursuites engagées par l'Etat marocain contre des ONG et des médias français ayant révélé ou dénoncé l'affaire. Le parquet a requis l'irrecevabilité des citations directes, déposées contre Le Monde, Radio France, France Media Monde, Mediapart, L'Humanité, Forbidden Stories et Amnesty international. «La Cour de cassation a déjà beaucoup répondu» à la question posée, a rappelé la procureur, demandant au tribunal d'appliquer une jurisprudence qui est «constante» mais très surannée, qui date de… 1881 : «Un Etat, qu'il soit français ou étranger» ne peut poursuivre en diffamation. «Le Maroc a le droit de défendre l'honneur terriblement bafoué de ses services de renseignement» par des «journalistes irresponsables», a plaidé l'avocat du Maroc, Me Olivier Baratelli. Les avocats du royaume soutiennent que leur demande est recevable car ce n'est pas l'Etat, mais une administration – les services secrets – qui attaquent en diffamation. Le tribunal rendra sa décision le 25 mars. Le Maroc a démenti toute utilisation de Pegasus, parlant d'«allégations mensongères et infondées» et enclenchant plusieurs procédures judiciaires en France, en Espagne et en Allemagne.