Le nouveau gouvernement tripartite allemand entend mettre un terme à la crise avec le Maroc, estime le journal El País. Le nouveau gouvernement allemand «est déterminé à accélérer la réconciliation avec le Maroc et à clore un épisode qui dure depuis plus de 10 mois», écrit El País. La crise diplomatique entre les deux pays «semble proche de sa fin au vu les démarches, d'abord subtiles, désormais plus claires, faites par la tripartite dirigée par Olaf Scholz et de la riposte du Maroc.» Rabat a bien accueilli les déclarations «positives» et «constructives faites récemment par le nouveau gouvernement fédéral d'Allemagne». «Ces annonces permettent d'envisager une relance de la coopération bilatérale et le retour à la normale du travail des représentations diplomatiques des deux pays à Rabat et à Berlin», explique la diplomatie marocaine. Rabat a suspendu tous ses contacts avec l'ambassade d'Allemagne au Maroc le 1er mars en raison de «malentendus profonds» avec Berlin. Le 6 mai, l'ambassadrice du Maroc a été rappelée pour consultation, Berlin étant notamment accusé d'«actes hostiles». Déjà en 2022, à l'occasion du nouvel an, l'Allemagne a encore envoyé un autre signal à Rabat. Le président fédéral Frank-Walter Steinmeier a écrit au roi Mohammed VI pour l'inviter à se rendre à Berlin. M. Steinmeir a assuré que la proposition marocaine d'autonomie pour le Sahara occidental est une bonne base pour résoudre le conflit. Le texte salue les vastes réformes entreprises par le monarque et le rôle du Maroc dans la résolution du conflit en Libye. La lettre «se voulait un exemple de diplomatie de l'ombre pour adoucir les relations avec Rabat», note le journal espagnol qui a interrogé le porte-parole du ministre des affaires étrangères : «Tant l'Allemagne que le Maroc ont intérêt à poursuivre les relations diplomatiques étendues et très bonnes qui existaient jusqu'à récemment», a-t-il dit, ajoutant que Berlin «se félicite que des mesures soient prises pour sortir de la crise.» Des sources diplomatiques confirment que le nouvel exécutif sorti des urnes en septembre a proposé de jeter au plus vite des ponts avec Rabat et qu'il espère que les gestes successifs envers le Maroc se traduiront par le retour de l'ambassadeur et l'arrivée du nouveau représentant allemand dans la capitale marocaine. «C'est le signal définitif qu'attend Berlin pour considérer que les relations se sont enfin normalisées», a-t-on noté. Le porte-parole d'Olaf Scholz y faisait référence il y a quelques jours : «Les attentes mutuelles peuvent être beaucoup mieux clarifiées avec le dialogue, et cela serait intensifié en délivrant rapidement le placet à l'ambassadeur allemand désigné», rapporte El País. «La glace fond. Il y a un intérêt clair des deux côtés à revenir à des relations diplomatiques amicales car la crise devient coûteuse, pas seulement en termes économiques», explique Kressen Thyen, chercheur à l'université de Brême et spécialiste de l'Afrique du Nord. Le gouvernement espagnol «n'est pas allé aussi loin que l'allemand, qui a qualifié la proposition marocaine d'autonomie du Sahara d'effort sérieux et crédible et de bonne base pour parvenir à un accord». Cependant, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, s'est montré ouvert mardi dernier favorable à l'autonomie comme option, lorsqu'il a déclaré que l'Espagne était favorable à «la recherche d'une solution à un conflit qui n'a que trop duré». En d'autres termes, «l'Espagne n'exige pas la tenue d'un référendum d'autodétermination et est disposée à accepter l'autonomie si les parties en conviennent et si l'ONU l'approuve», note El País.