Quelques photographies du couple antisémite réalisant ce geste controversé de ralliement à l'humoriste Dieudonné M'bala M'bala ont circulé sur les réseaux sociaux. Des photos authentiques, sur lesquelles le couple, qui réclame l'asile en France, ne s'exprime pas. Dans une vidéo postée le 9 janvier, Dounia Filali a reconnu avoir «glissé des quenelles» à l'époque où les autorités françaises étudiaient la possibilité de faire interdire les spectacles de Dieudonné en raison du caractère d'incitation à la haine raciale de certains de ses sketchs. La circulation de la quenelle, considéré comme une nouvelle forme de salut nazi, a été à l'origine d'une véritable polémique publique en France. Pour justifier son geste antisémite, Dounia Filali prétend que des célébrités l'ont exécuté, avançant l'exemple d'une célèbre photo de l'ex-président américain Barack Obama et les artistes Beyoncé et Jay-Z qui, selon elle, effectuent un salut similaire. Sauf que dans la photo, prise en 2012; le geste du président américain et du couple planétaire faisait référence à la chanson de Jay-Z Dirt off your shoulder. Le trio, en effet; mimait l'action de «brosser la saleté imaginaire sur leurs épaules», comme l'indiquent les mots du morceau. Le scandale des Filali contamine leur dossier déposé chez l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Désormais, ils auront beaucoup de mal à défendre leur cas. Si leur demande est rejetée, ils déposeront un recours devant la Cour nationale du droit d'asile (CNDA). Si celle-ci ne revient pas sur la décision de l'Ofpra, les deux agitateurs devront quitter le territoire impérativement, dans un délai de trente jours. Dounia Filali a annoncé une plainte contre la chaîne de télévision internationale israélienne i24News, ainsi que Jeune Afrique l'hebdomadaire panafricain édité à Paris. Elle reproche à ce dernier d'avoir écrit : «De nombreuses zones d'ombres planent sur [le] parcours [des Filali] : leur choix de s'installer en Chine, les pressions et menaces qu'ils disent subir, ainsi que certaines de leurs prises de positions — notamment sur les juifs, à propos desquels Adnane Filali a déclaré dans une vidéo "il y a beaucoup de juifs dans les médias (en France, ndlr), c'est peut-être à cause de ça, par rapport à certains sionistes qui sont dans les médias, qu'on attaque beaucoup l'islam"», mais également : «Adnane Filali ne cache pas non plus ses sympathies pour le Hezbollah, dont le Youtubeur, qui a grandi à Rabat, écrit sur Facebook en 2015 que "c'est l'une des seules armées libres et juste sur cette planète, avec l'armée iranienne". Sur d'autres photos exhumées après leur demande d'asile, on voit le couple posant en faisant le geste de la quenelle, popularisé par le comédien controversé Dieudonné et associé à une gestuelle antisémite.» Dounia Filali ne pardonne pas aussi à Jeune Afrique un portrait peu élogieux publié en 2021, où elle est présentée comme «une journaliste qui traite de sujets polémiques, parfois scabreux» et qui «a tenu des propos racistes à l'égard de la communauté subsaharienne.» Dounia Filali n'a pas abordé la réaction du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA), qui a diffusé un communiqué déclarant qu'il a «décidé de saisir l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) par lettre recommandée pour lui demander de refuser d'accorder un quelconque asile en France ni aucune protection», considérant «qu'il serait inconcevable et incohérent que ces individus qui insultent la France y soient protégés et accueillis.» L'antisémitisme est pris très au sérieux en France. Début 2021, un Algérien de 19 ans a été sous le coup d'une reconduite à la frontière avant sa condamnation, après que deux restaurateurs juifs ont déposé plainte parce qu'un livreur Deliveroo avait refusé de prendre en charge leurs commandes, expliquant qu'il ne "livrait pas aux juifs′′. "Toute discrimination est interdite en France par la loi. On doit respecter tout le monde dans ce pays", a insisté le président du tribunal en rendant sa décision qui était assortie d'un mandat de dépôt. Le livreur a également été condamné à verser 1 000 euros à chacun des restaurateurs au titre de préjudice moral, ainsi que des dommages et intérêts à SOS Racisme, au Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), à la Licra, au Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA), au Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et au Consistoire israélite du Bas-Rhin, qui s'étaient portés partie civile.