«Les Juifs sont et font la France. Ceux qui s'attaquent à eux, jusque dans leurs tombes, ne sont pas dignes de l'idée que nous avons de la France», avait déclaré en 2019 le président Emmanuel Macron, une phrase qui ressurgit après les informations évoquant un probable asile accordé au couple antisémite Filali. En France, le cas du couple antisémite Filali suscite toutes les inquiétudes, au point que plusieurs composantes de la société civile comptent saisir le Conseil représentatif des institutions juives (Crif) et la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) ou encore la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) afin que les deux trublions n'y obtiennent pas l'asile, après plusieurs révélations choquantes sur le passé haineux et raciste du duo. En France, toute publication en ligne ou sur un autre support, relèvent de la loi de 1881 sur la liberté de la presse et la liberté d'expression. Sont punies notamment les injures, diffamations, incitations à la haine raciale et apologie du terrorisme. Récemment, le premier ministre Jean Castex a mis en garde contre le «racisme ordinaire, cette haine furtive, cet antisémitisme rampant», à la veille de la présentation de la plate-forme nationale de lutte contre les discriminations. «Dans notre société le racisme et l'antisémitisme se traduisent aussi trop souvent par de petits gestes sales, inadmissibles, des intonations blessantes, des propos humiliants, des signes abjects qui peuvent blesser autant que des coups ou des insultes» a déclaré le Premier ministre au moment où L'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) examine la demande d'asile du couple. «On retiendra surtout l'admiration de ce couple pour la figure de l'humoriste plus que controversé Dieudonné : ils pratiquent volontiers sur des photographies la fameuse quenelle censée représenter un bras d'honneur au système. Les deux énergumènes désireux de recevoir l'asile politique dans notre pays ne font pas non plus mystère de leur admiration pour le Hezbollah libanais et l'armée iranienne», s'alarme le magazine L'Incorrect. En 2019, le délai d'instruction global à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et à la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) a été de 325 jours en moyenne. Le couple Filali n'a débarqué en France que le 29 juillet. Comment se fait-il que des médias français défendent l'asile d'un couple antisémite alors que l'Ofpra enregistre «entre 6 500 et 8 000 demandes mensuelles» et que le stock de dossiers en attente d'examen augmente en flèche ? «Fait inédit, nous avons demandé à l'Ofpra [Office français de protection des réfugiés et apatrides] de retirer les protections d'asile pour ceux qui seraient en contradiction avec les valeurs de la République», a fait savoir le ministre de l'intérieur français Gérald Darmanin en 2021. Beaucoup de voix rappellent l'exemple de cette manifestante qui a brandi une pancarte antisémite lors d'une manifestation anti-passe sanitaire début août 2021, et qui a été condamnée à six mois de prison avec sursis pour provocation à la haine raciale, exhortant le gouvernement français à ne pas commettre l'erreur d'accueillir le couple Filali. La jeune femme de 34 ans a aussi été condamnée à verser entre un euro symbolique et 300 euros à huit des 13 organisations qui s'étaient constituées parties civiles, parmi lesquelles le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), la Licra et SOS Racisme, reflet de la très grave préoccupation contre l'antisémitisme qui agite la société française. L'année 2020 été marquée par une hausse des paroles antisémites sur les réseaux sociaux, avec notamment la prolifération des thèses complotistes désignant les Juifs comme instigateurs de la crise sanitaire mondiale de Covid-19. Le couple, partisan inconditionnel aux thèses du polémiste Dieudonné plusieurs fois visé par des plaintes pour, notamment, «incitation à commettre un crime», «incitation à la violence», «incitation à la haine raciale», «incitation à la discrimination» ou encore «contestation de l'ampleur ou de la réalité du génocide juif», est apparu sur plusieurs clichés «réalisant le geste de la 'quenelle'», un geste «signe de ralliement à Dieudonné et correspondant au salut nazi inversé signifiant la sodomisation des victimes de la Shoah», avait expliqué auparavant l'ex-président de l'association de lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), Alain Jakubowicz.