Depuis l'affaire de l'enseignant d'une école de commerce à Oujda (nord-est) qui aurait réclamé des faveurs sexuelles à une étudiante en échange de bonnes notes, les langues se délient. L'école roi Fahd de traduction (Tanger) a lancé, lundi 3 février, une grande enquête sur des faits de harcèlement sexuel, une première dans les établissements du supérieur au Maroc. On évoque le cas d'«un enseignant-chercheur qui faisait visionner des enregistrements d'ordre sexuel à une étudiante» au moment où la direction de l'école prévoir «la mise en place d'un dispositif de soutien et de communication permettra de rendre visibles tous les éléments de l'affaire». Selon nos sources, plusieurs responsables de l'établissement sont sur la sellette. L'enseignant en question a été suspendu jusqu'à sa présentation devant un conseil disciplinaire qui sera tenu d'urgence, a indiqué à Barlamane.com une source au sein de l'école. Les étudiants, eux, réclament au directeur et à son bras droit de démissionner. Quant à l'enseignant, il sera probablement frappé d'une «interdiction définitive d'exercer des fonctions d'enseignement ou de recherche dans tout établissement public d'enseignement supérieur». Pour l'administration, dans la tourmente, «difficile de prouver l'existence du harcèlement sexuel de la part des enseignants: il faudrait que les étudiantes fassent remonter leurs plaintes auprès des chefs de départements», a-t-on mentionné. Comme d'autres élèves, la jeune femme, aujourd'hui étudiante à l'école, n'hésite pas à parler de harcèlement sexuel. D'autres, ailleurs, condamnent des agissements de la part des professeurs qui utiliseraient les notes comme moyen de pression pour obtenir les faveurs de certaines étudiantes, lesquelles aimeraient voir naître une structure spécialisée afin de sortir de la peur de porter plainte. Cette affaire a suscité l'indignation sur les réseaux sociaux, où un groupe intitulé les hors-la-loi a lancé une campagne de dénonciation sur internet pour récolter des témoignages d'éventuelles autres victimes. Début décembre, quatre professeurs de l'université Hassan Ier de Settat, ville proche de Casablanca, ont comparu devant la justice marocaine pour des faits similaires de chantage sexuel sur des étudiantes en échange de bonnes notes. Un cinquième universitaire était lui poursuivi pour attentat à la pudeur avec violence. En 2018, après des années de débats houleux, une loi est entrée en vigueur, rendant pour la première fois passible de peines de prison des actes considérés comme des formes de harcèlement, d'agression, d'exploitation sexuelle ou de mauvais traitement. Le texte, malgré sa novation, a été jugé peu suffisant par les mouvements de défense des droits des femmes qui appellent à sévir face à ce fléau.