Dans un entretien au «Monde», le ministre israélien des affaires étrangères a démenti formellement que le président français Emmanuel Macron ait été espionné par le logiciel Pegasus. Deux agitateurs notoires, en mal d'inspiration, se sont emparés avec forfanterie d'une phrase de M. Lapid pour l'interpréter dans un sens fallacieux. Mais la crosse des inquisiteurs ne fonctionne pas. Quand le journal Le Monde interpelle le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid sur «l'affaire NSO», il évoque un seul pays : le Maroc. Lors d'un récent entretien publié le 27 décembre, M. Lapid a dévoilé une information explosive : «Nous n'aurions jamais fait quoique ce soit qui puisse nuire [au président français Emmanuel Macron]. NSO est une compagnie privée, mais nous avons fait de notre mieux pour découvrir ce qui s'est passé, et autant qu'il soit possible de le dire, personne n'a écouté le téléphone du président. Cela est conforme à la licence [d'exportation délivrée par l'Etat israélien à NSO] : le programme ne peut être utilisé que pour lutter contre des organisations terroristes et des crimes graves, et nous espérons que ces termes ont été respectés.» Une réponse qui remet en cause la véracité de toutes les révélations publiées dans le journal Le Monde depuis juillet, dirigées essentiellement contre les institutions sécuritaires marocaines. Les moines papelards Ali Lmrabet et Ignacio Cembrero ont préféré jeter dans le courant de la circulation un mensonge éhonté. À la question, assez perfide au final, du Monde, «Avez-vous révoqué la licence des autorités marocaines ?» (Alors que le Maroc n'en dispose pas), M. Lapid répond : «Cette licence est très stricte. Nous avons exposé tout le matériel que nous avions aux autorités françaises. Et nous nous sommes assuré que chacun comprenne la différence entre une compagnie privée et une compagnie gouvernementale. Ce n'est pas une affaire entre gouvernements.» Habitués à aller plus loin, sans s'effrayer de pousser leurs thèses jusqu'au paradoxe, les deux colporteurs se sont permis de soutenir qu'en un certain sens, cette réponse serait «un coup dur» pour les renseignements marocains, une «confirmation» du fait que le Maroc possède Pegasus. Des tweets synchronisés qui démontrent clairement le jeu malsain de ces deux plumes déchues. Or, le chef de la diplomatie israélienne n'a jamais prétendu que le Maroc a utilisé Pegasus. L'enchevêtrement des actualités n'est pas fortuit. Avant quelques jours ; le Citizen Lab de l'université de Toronto a confirmé que Roger Torrent, le président du Parlement de Catalogne, a été espionné grâce au logiciel espion Pegasus, de la société israélienne NSO. «Au moins deux autres militants indépendantistes espagnols auraient eu leurs téléphones piratés par ce même logiciel en 2019», a-t-on confirmé. Aucune réaction des deux «ex-journalistes», pourtant très actifs sur les réseaux sociaux. Il faut toujours se rappeler que Ali Lmrabet a été condamné en 2003 à quatre ans de prison pour outrage à la personne du roi, et atteinte au régime monarchique et à l'intégrité territoriale, avant de bénéficier d'une grâce royale en janvier 2004. Aussi, en 2005, le procès lancé contre lui par l'Association des parents des Sahraouis victimes de la répression dans les camps de Tindouf (sud-ouest algérien), à la suite de déclarations tendancieuses selon lesquelles les réfugiés sahraouis de Tindouf « n'ont aucune difficulté à rentrer au Maroc mais ne le désirent pas », ont achevé de faire de lui un paria. Deux événements qu'il a mal digérés depuis. Quant à Cembrero, après avoir couvert durant quatorze ans l'actualité du Maghreb et le terrorisme islamiste pour le quotidien espagnol El Pais, il a été remercié sans ménagement par la direction de son journal après avoir diffusé une vidéo à caractère terroriste contre le Maroc. Depuis, il mène une campagne acharnée contre Rabat. Rancunes personnelles hostiles au Maroc, très mal éclairées. La nouvelle affaire espagnole survient alors que la justice israélienne a rejeté la demande d'Amnesty international et de 30 autres organisations de défense des droits de l'homme, d'interdire à NSO l'exportation de son logiciel Pegasus. Là, aussi, on n'a pas entendu lesdits diffamateurs qui mentent incessamment pour accabler le Maroc. Nous aurons à distinguer entre les mensonges par ignorance, les mensonges de parti pris, et enfin les mensonges par négligence. L'erreur, la fraude, la supposition, l'à-peu-près, rien ne les arrête. Lorsque le principal service de renseignement espagnol (Centro nacional de Inteligencia, CNI), affirme dans un communiqué «agir dans le strict respect de la loi», et lorsque le bureau du chef du gouvernement espagnol, explique que «le gouvernement n'a aucune preuve que des tentatives d'espionnage des téléphones de militants indépendantistes aient eu lieu», ni Le Monde, ni Cembrero, ni Lmrabet ne s'indignent contre «les violations des droits de l'homme». Pour rappel, les anciens employés de NSO Group qui ont témoigné, dans une enquête du quotidien britannique The Guardian, affirment que «l'Espagne figure bien parmi les clients de NSO Group, et que le pays a acquis des licences lui permettant de déployer Pegasus sur le territoire national, mais aussi en France, au Mexique ou à Malte.» «Cette nouvelle affaire impliquant NSO et son logiciel Pegasus est très embarassante pour l'Europe. Le gouvernement espagnol, s'il a acheté des licences à plusieurs millions de dollars par personne ciblée — comme l'affirment les anciens salariés de NSO —, se verrait accusé — en plus d'un espionnage politique national allant contre toutes les chartes et règlements européens —, d'espionner potentiellement un autre Etat membre, la France», a affirmé le journaliste Pascal Hérard. Ali Lmrabet et Ignacio Cembrero excellent dans cette anatomie dogmatique et haineuse de l'actualité marocaine, où rien n'est absolument bon, où tout est absolument mauvais. Heureusement, il est facile de désarmer les procédés de ces affabulateurs qui ne mettent en saillie que des ombres, afin qu'elles deviennent tout bonnement vérités. Les deux ne montrent toujours qu'une face de la médaille. Tout passe à tour de rôle dans son kaléidoscope railleur, mais leur crédibilité frôle le zéro pointé.