Les initiatives de captation de quelques dossiers régionaux paraît être la nouvelle stratégie du régime algérien dans le domaine des relations bilatérales les plus significatives. Mais la «diplomatie du chéquier», la mise en avant du seul statut de soutien financier, ne peut constituer une bonne recette pour le xxie siècle, surtout pour un pays en crise. Le rapport entre politique intérieure et politique extérieure en Algérie, ainsi que sur le processus de prise de décision, notamment sur le manque de coordination entre les différentes sphères du régime est palpable. Après une décennie d'effacement diplomatique, l'Algérie cherche à redevenir un acteur politique incontournable sur la scène régionale, mais au lieu d'opérer une rupture radicale avec les orientations précédentes, le pouvoir algérien cultive massivement la diplomatie du chéquier malgré l'état déplorable du pays. Les conséquences de ce choix seront dramatiques et de longue durée. «D'abord, 100 millions de dollars de don pour la Palestine. Ensuite, 300 millions de dollars de prêt pour la Tunisie. Entre le 6 et 13 décembre 2021, soit en une semaine seulement, l'Algérie a sorti son chéquier pour distribuer 400 millions de dollars à des pays étrangers qui sont, certes, amis, mais qui ignorent sans doute que le quotidien des Algériens», écrit le site dissident Algerie Part Plus. Comment se fait-il qu'un pays qui finance ses investissements en misant sur une mobilisation de l'épargne du pays puisse dilapider 500 millions de dollars d'un seul coup ? Pour émerger diplomatiquement, l'Algérie exhibe une véritable frénésie dépensière. Partout, elle cherche à distribuer des fonds afin de s'afficher comme puissance de paix et de solidarité. L'idéologie suivie par le régime «consiste à prêter sans calculer de l'argent à des pays pauvres ou en grosses difficultés afin de promouvoir une belle image de l'Algérie à l'étranger, celle d'un pays qui soutient et appuie la cause des peuples opprimés ou défavorisés. Un outil de soft-power que l'Algérie pouvait financer par le passé grâce à son insolente aisance financière notamment durant la période allant de 2008 jusqu'à 2014 pendant laquelle l'Algérie a cumulé des dizaines de milliards de dollars de réserves de change», a-t-on indiqué. La durée de la crise économique algérienne a répandu dans le pays un sentiment de malaise et presque d'inquiétude qu'aucune donne suffirait à expliquer, mais qui s'aggrave encore d'une espèce de désenchantement d'autant plus pénible, que pour la plupart, cette générosité envers la Tunisie et la Palestine paraît irriter. L'abîme où se débat aujourd'hui le pays, la corruption qui le dévore, alors que le peuple est pauvre, interpellent. Un malaise profond travaille le monde économique en Algérie. Nombre de chantiers sont arrêtées, des millions de jeunes chôment, les affaires se ralentissent, les gros capitaux sont inactifs, et si de partout s'élèvent des plaintes, c'est qu'il y a partout des souffrances trop réelles. Une crise intense, prolongée, paralyse l'essor de la vie économique. Les réserves de change algériennes fondent à mesure que les prix du pétrole baissent. Elles étaient de 44,2 milliards de dollars en août 2020, contre 51 milliards de dollars fin mai, et 200 milliards de dollars en 2014. Le pays risque une crise de la balance des paiements avec des dépenses dépassant les recettes, d'ici à deux ans, selon les prévisions du FMI. «L'Algérie d'aujourd'hui n'a strictement rien à voir avec celle des années 2010-2014. Et pour cause, les réserves de change, ramenées de 162 milliards de dollars en 2014 à 57 milliards de dollars, exigent une alternative claire et des réformes en vue d'une diversification économique indispensable pour permettre à l'Algérie de répondre, d'abord, à ses propres besoins», alerte APP. Selon le site, «la situation financière de l'Algérie ne cesse de s'aggraver et risque elle-même de se retrouver dans la position des pays qu'elle aidait auparavant dans... le passé. Les réserves de change de l'Algérie se sont encore érodées en 2020 et 2021, dans un contexte de creusement net des déficits budgétaire et courant et d'excès de la dépense intérieure brute rapportée au revenu national.» «Ces indicateurs démontrent que l'Algérie est en train de s'appauvrir à un rythme accéléré et inquiétant. La prochaine extinction des réserves de change, qui pourrait se produire au cours de l'année 2022, voire d'ici 2023, va provoquer un grave problème de liquidités temporaires pour le Budget de l'Etat et le dinar algérien, monnaie nationale, va subir encore davantage de dévaluation. Le dinar Algérien est totalement menacé sans contrepartie de devises extérieures», a-t-on souligné. Dépendante de la rente pétrolière, l'Algérie est très exposée aux fluctuations du prix du baril du fait de la faible diversification de son économie. Selon des prévisions du Fonds monétaire international (FMI), l'Algérie a connu en 2020 une récession (– 5,2 %) et un déficit budgétaire parmi les plus élevés de la région. Le président Abdelmadjid Tebboune a déjà exclu de contracter des prêts auprès du FMI et des organismes financiers internationaux, au nom de la «souveraineté nationale».