Les députés algériens ont voté le 17 novembre la suppression des subventions généralisées sur les produits de base comme l'huile, le pain ou le lait. Le gouvernement assure que ce système sera remplacé par un ciblage des plus nécessiteux, mais la crise sociale prend de l'ampleur. Coupures, chômage et paupérisation, flambée des prix et pénuries de denrées de base: en Algérie, un front social en ébullition s'ajoute désormais à une profonde crise économique qui frappe les régions déshéritées du pays, en l'occurrence Bordj Badji Mokhtar, à l'extrême sud. Selon nos sources, des rixes avaient éclaté entre policiers et manifestants, les forces antiémeutes ont pris le contrôle de quelques lieux publics, à grand renfort d'effectifs pour empêcher tout rassemblement. Elles ont dispersé la foule avec une violence inouïe, selon les images consultées. Plusieurs manifestations, signe du mécontentement social qui s'aggrave, ont eu lieu dans ce département : pénuries, rationnement de l'eau et explosion des prix organisées par des spéculateurs de plus en plus voraces ont été épinglés. Nombre de familles en situation de dénuement ne trouvent réconfort qu'auprès d'associations de bienfaisance qui distribuent gratuitement des produits de première nécessité aux plus démunis. L'instabilité de l'économie algérienne est conjuguée à une politique budgétaire et monétaire restrictive. La persistance des problèmes majeurs – sous-emploi, non-diversification des exportations, déclin industriel – fait peser un doute sur les réformes du régime menées de manière chaotique depuis deux décennies. Un pouvoir autoritaire et isolé dont les piliers sont l'économie administrée, l'interventionnisme étatique et un repli protectionniste. Devant l'inflation du prix de la pomme de terre, vendue 100 dinars (0,62 euro) le kilo, les autorités ont dû déstocker d'importantes quantités de cette fécule de base, afin de permettre aux Algériens de s'approvisionner à moins de 50 dinars le kilo. Début octobre, le Fonds monétaire international (FMI) avait appelé l'Algérie à mener des réformes structurelles afin de « recalibrer » sa politique économique défaillante. Le budget algérien est financé en grande partie par les recettes tirées des exportations d'hydrocarbures, qui représentent plus de 89 % des apports en devises, ce qui expose fortement le pays aux fluctuations des prix du gaz et du pétrole. Les réserves de change sont passées de 62,8 milliards de dollars en 2019 à 48,2 milliards de dollars à la fin de 2020, selon le FMI.