« Selon la définition qu'en ont fait les grecs, Abu Bakr, Ottman et Omar Azaitar seraient des tyrans car ils se sont emparés du pouvoir par la force », fait savoir Médiapart. Ayant acquis une autorité aujourd'hui sans limites, ils l'exercent de manière absolue et oppressive, indique la même source. Le média estime que le terme « dictateur » est un qualificatif qui siérait également à leur posture, « puisqu'après s'être emparé du pouvoir, les voilà le déployant sans aucune forme de contrôle ». La même source donne pour exemple le policier qui tenterait de les obliger à se soumettre à une simple contravention de police pour excès de vitesse lorsqu'ils conduisent des véhicules immatriculés au Palais Royal, prendrait sans doute le risque de se voir muter dans la bourgade la plus reculée du pays, si ce n'est pas de se faire tout simplement licencier. « Devant les faits qui ont émaillés leurs agissements récents, nul mot n'est assez approprié pour qualifier ces personnages troubles dont le comportement contribue à l'émergence de ce qu'il convient d'appeler aujourd'hui une affaire d'Etat, tant l'inaction devant ces faits des agents administratifs et des personnalités politiques qui sont en charge, porte préjudice au Maroc et à ses aspirations à un modèle de société dans lequel nul n'est censé ignorer la loi, encore moins se placer au-dessus d'elle », déplore Médiapart. Le 20 avril 2018, voir trois frères issus de l'émigration en Allemagne qui ont réussi à se faire un nom dans les sports de combat, être reçus par le Roi Mohammed VI, avait quelque chose de sympathique, « au point de faire momentanément oublier aux marocains leur passé criminel ou leur éducation teintée de wahhabisme au sein de la très controversée King Fahd Academy de Bonn qui a été fermée depuis », indique-t-on. Entre étalage de luxe, torses nus et stories, on est loin du patriotisme Leurs publications quotidiennes sur les réseaux sociaux de photos dans lesquelles les couleurs nationales et les armoiries royales sont perverties pour être arborées au cou d'un des frères, sur la poitrine ou les sandales de plage d'un autre, provoquaient des réactions ironiques mais également un début d'agacement. De l'irritation et de l'exaspération même car ces publications étaient presque systématiquement accompagnées de remerciements au souverain marocain, y compris après des défaites humiliantes, lors de combats de Abu Azaitar notamment. Aussi, quelques-uns ne sauraient avoir la prétention de « s'approprier » le Roi ou donner le sentiment d'être plus marocain que 36 millions de citoyens dont il ne fait aucun doute qu'ils mourraient pour leur drapeau, et cela sans aucune contrepartie, ajoute Médiapart. En revanche, devant le patriotisme théâtralisé des trois germano-marocains qui ont déserté les arènes de la MMA depuis un long moment pour se lancer dans « les affaires », tous les doutes sont aujourd'hui permis. Qui peut encore croire, après avoir vu s'enchainer sur leurs propres réseaux sociaux, l'étalage de leurs multiples possessions et cadeaux outrageusement luxueux, de leur quotidien fait de jets privés royaux, de jet set et de jet ski, en l'image de sportifs pieux, désintéressés et altruistes qu'ils peinent à vouloir imposer depuis qu'ils sont installés au Maroc ? Et il est bien là le problème que posent aujourd'hui les frères Azaitar : le respect des règles. On peut en effet ne pas aimer l'indécence de cet étalage de richesses, ne pas les aimer tout court, le signifier et s'en arrêter là. Mais les passe-droits dont ils bénéficient rendent impossible le fait de les ignorer, tant le climat délétère et pernicieux que cela a installé au Maroc, cultive un profond sentiment d'injustice auprès de tous ceux qui ont eu à subir leurs écarts de conduite, eux qui se revendiquent aujourd'hui ouvertement du premier cercle du pouvoir. Le média appuie ses propos en livrant l'exemple d'Ottman Azaitar quand il a accédé au territoire national ce mercredi 8 décembre en provenance de Cologne alors que le gouvernement marocain a suspendu tous les vols, pour cause de pandémie le 29 novembre dernier. « Que dire à ces milliers de marocains bloqués à l'étranger, avec des motifs de retour sérieux, voire graves pour beaucoup d'entre eux ? Quel argument donner à ces milliers de parents qui doivent aujourd'hui renoncer à l'idée de revoir leurs enfants étudiants à l'étranger parce que les frontières resteront closes jusqu'au 31 décembre 2021 ? », se demande-t-on. Ottman Azaitar se permet de narguer les marocains sur Instagram en annonçant qu'il rentre au Maroc alors que les frontières terrestres et maritimes sont fermées ? Devant les réactions scandalisées des internautes, la publication a été retirée depuis. « Quelle réponse apporter aux habitants de la Marina de Salé devant les travaux sauvages d'aménagement des locaux commerciaux des Azaitar pour lesquels ils ont adressé un courrier au Directeur général de l'Agence d'Aménagement de la Vallée du Bouregreg le 22 novembre dernier ? Il demeure muet à ce jour, de même que le Wali de la région n'a pas réagi à ces infractions alors qu'un citoyen lambda se serait fait interpeller et rappeler à l'ordre pour moins que cela et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire », demande à comprendre la même source. Ou encore à Tanger lorsqu'un membre de la famille Azaitar est inhumé au cimetière Marchane alors que cela est devenu strictement interdit depuis 2012. Que dire à ceux qui demandent des autorisations d'utiliser des drones pour des activités commerciales lorsque l'enseigne de tacos dont sont propriétaires les Azaitar propose de livrer ses clients en utilisant des drones, avant même de disposer d'une autorisation ? Les frères Azaitar ne respectent pas la loi, ils la font, l'imposent et la dominent, dénonce la même source. Ils semblent se placer au-dessus de la constitution qui consacre pourtant le principe d'égalité dans l'article 6 qui est censé garantir que Tous les marocains sont égaux devant la loi : « la loi est l'expression suprême de la volonté de la nation. Tous, personnes physiques ou morales, y compris les pouvoirs publics, sont égaux devant elle et tenus de s'y soumettre ».