Plusieurs manifestations ont de nouveau eu lieu dimanche à travers le Maroc pour protester contre le passeport vaccinal anti-Covid-19 mis en place par le gouvernement, selon des médias locaux. Toutefois, la hantise d'un implant sous-cutané et le développement de l'imaginaire conspirationniste contamine ces actions publiques. Au Maroc, des anti-vaccins, des populistes, des partisans adeptes des thérapies douces, des chefs de partis, des chômeurs et même des médecins peuplent les protestations contre le passeport vaccinal. De nombreux réfractaires à ce document assurent ne pas être antivaccins. Pour plusieurs, leurs discours s'en rapprochent pourtant. À Rabat, la police a quadrillé la place où devait se tenir un rassemblement non autorisé dans le centre-ville, une centaine de manifestants ayant été dispersée dans les ruelles avoisinantes. Une vingtaine de personnes ont été interpellées. Si les opposants au passeport vaccinal étaient moins nombreux dans la capitale que la semaine dernière, ils se sont rassemblés en plus grand nombre à Tanger (nord), selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. «A bas le passeport vaccinal», ont scandé plusieurs centaines manifestants dans la cité portuaire. Les discours complotistes, eux, ont fusé. «Le vaccin causerait la mort de la personne inoculée, ou infuserait des effets secondaires à long terme» a tonné une manifestante. «Les satanistes veulent nous assassiner, le vaccin est nocif», surenchérit une autre. Certains opposants à la vaccination contre la Covid-19 développent une poignée d'arguments en apparence inédits. «La 5G et l'effet magnétique, c'est pour nous asservir, note par exemple une manifestante à Tanger, accusant Billes Gates de tous les maux. Des objets tellement petits passent à travers une seringue afin ne nous tuer par la suite» a-t-elle asséné. À Casablanca, la mégapole économique du royaume, les protestataires ont été dispersés par la police qui a également procédé à des interpellations, selon des sources locales. Il n'a toutefois pas été possible de chiffrer le nombre total de protestataires ni celui des interpellations. Le 21 octobre, le Maroc a lancé un passeport vaccinal anti-Covid-19, le premier dans un pays du Maghreb. Tous les lieux clos, dont les hôtels, restaurants, cafés, commerces, salles de sport et bains publics sont désormais soumis à l'obligation du passeport. Le passeport est également exigé pour accéder aux administrations publiques, semi-publiques et privées, tout comme pour quitter le royaume ou pour se déplacer entre les préfectures et les provinces. Si une large majorité de la population approuve la vaccination, le caractère obligatoire du passeport pour avoir accès aux espaces publics a soulevé des protestations, en particulier sur les réseaux sociaux. Une pétition en ligne a recueilli des dizaines de milliers de signatures, fustigeant la mise en place « arbitraire » du passeport sanitaire. Le Maroc, où la courbe de contaminations et de décès décroît régulièrement depuis dix semaines, veut immuniser 80 % de la population (soit 30 millions de personnes). À ce jour, plus de 22,2 millions de Marocains ont reçu une deuxième dose du vaccin anti-Covid-19.