Selon l'analyse du chercheur et consultant spécialiste du monde arabe Younes Belfellah publiée sur l'hebdomadaire français Marianne, la junte militaire en Algérie se nourrit des tensions diplomatiques avec plusieurs pays, à savoir le Maroc, la France, Israël ou autres, pour externaliser les problématiques sérieuses de gouvernance et de développement. Pour rappeler les faits, l'Algérie a décidé la fermeture de l'espace aérien aux avions militaires français de l'opération Barkhane et le rappel de l'ambassadeur d'Algérie. Alger réagit aux déclarations du président Macron concernant « le système politico-militaire fatigué » qui dirige l'Algérie et la « rente mémorielle fondée sur la haine de La France ». Cela vient, quelques semaines après la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc voisin, accusant le royaume « d'actions hostiles » à l'égard d'Alger, tout en critiquant le rapprochement entre le Maroc et Israël. Pour le chercheur, Alger adopte d'une façon continue un discours antisioniste et violent à l'égard d'Israël en faisant référence au nationalisme arabe et la cause palestinienne. Il s'agit d'un fonds de commerce médiatique pour pallier les difficultés internes et influencer l'opinion publique algérienne par la haine d'Israël. « Le régime algérien souffre d'une instabilité politique accrue, à la suite de la mouvance populaire appelée « Hirak » représentée par des manifestations pacifiques contre le pouvoir militaire et ses pratiques de corruption » : estime-t-il. Il ajoute également que l'armée reste l'acteur majeur de la scène politique algérienne, et que, d'ailleurs, plusieurs indicateurs en témoignent. Il cite la répartition du budget de l'Etat par département ministériel qui fait de l'armée le premier bénéficiaire. La Défense s'approprie donc le quart du budget national de gestion, dépassant de loin les enveloppes allouées aux ministères civils. La même source rapporte que l'Algérie est le troisième importateur mondial d'armement conventionnel russe, et le premier importateur à l'échelle du continent africain. The Carnegie Endowment for International Peace souligne l'augmentation de la dépense militaire algérienne et l'engouement de l'armée algérienne à détenir les joyeux de l'économie à travers l'acquisition des grandes entreprises publiques.