De nombreux Marocains font la queue dans l'espoir de se procurer du gaz propane, a avancé une chaîne algérienne. Le dissident en exil Amir Boukhors voit la trace d'une main policière derrière le reportage. Si l'Algérie n'a pas encore pris de décision définitive sur la reconduction d'un contrat d'utilisation d'un gazoduc passant par le Maroc, qui doit expirer le 31 octobre, selon le président Abdelmadjid Tebboune, une chaîne algérienne a diffusé des images prétendant que le Maroc fait face à une pénurie de gaz. Un pays où les libertés publiques – de réunion, de la presse, d'affichage, d'expression, etc, sont muselées, le mensonge est roi. Les scènes se déroulent à la réalité au Liban, un pays confronté à une crise économique inédite marquée notamment par une dégringolade de la monnaie nationale et une inflation galopante engendre, depuis des mois, des pénuries en tout genre, au point que des queues se sont formées dans plusieurs régions du pays devant les fournisseurs de gaz domestique, munies de bonbonnes vides. La vidéo diffusée par la chaîne algérienne déroule un argumentaire fallacieux truffé d'au-moins une dizaine de fausses affirmations, selon le travail de vérification de l'équipe Barlamane.com. Selon l'activiste algérien dissident Amir Boukhors, «les renseignements algériens pratiquent le mensonge et la désinformation», indiquant que «les renseignements algériens ont fait main basse sur tous les journaux et les télévisions du pays» devant l'impuissance de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV), réputée d'avoir été sous les ordres du DRS (Département du renseignement et de la sécurité, les services secrets dissous en 2016). Selon RSF, le régime algérien opère des formes de chantage à la publicité à l'encontre de certains titres dissidents. Selon M. Boukhors, «les des médias algériens sont devenus des institutions de propagande qui recourent à la corruption morale sur une vaste échelle. Cela est illustré d'une manière caractéristique à travers certains reportages bâclés, bien que tant soit peu caricaturale». Un tribunal d'Alger a émis fin mars quatre mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de quatre activistes établis à l'étranger, des influenceurs et un dirigeant d'un mouvement islamiste interdit, accusés notamment d'appartenir, selon les allégations officielles, à un groupe terroriste. Parmi les personnes visées Amir Boukhors, blogueur connu sous le nom d'«Amir Dz». Le blogueur Amir Dz (38 ans) est poursuivi pour «adhésion à un groupe terroriste ciblant la sécurité de l'Etat et l'unité nationale, financement d'un groupe terroriste ciblant la sécurité de l'Etat et blanchiment d'argent dans le cadre d'une bande criminelle», précise le communiqué du régime sans mentionner le nom du groupe incriminé. Installé en France, Amir DZ est l'auteur de très nombreuses vidéos hostiles notamment au pouvoir en place à Alger.