Les militants des droits de l'Homme en Algérie ont décidé par arrêté de ce 13 octobre 2021 de renoncer aux mobilisations populaires. Ils aspirent à la restructuration du Hirak, en vue de concrétiser les doléances populaires et de mettre un terme à l'intensification de la répression. C'est contraints que les activistes algériens se sont résolus à penser à de nouvelles alternatives et planifient un congrès pour la restructuration du Hirak pour maintenir « la pression sur le régime « illégitime » en place. Ainsi ils soutiennent dans leur arrêté que le pouvoir fait appel à une répression sans précédent qui se traduit par de nombreuses condamnations de militants , le musèlement des voix opposantes, qu'illustre, à titre d'exemple, la dissolution de l'association « RAJ », décidée ce mercredi même par le tribunal administratif, suite à la plainte du ministère de l'Intérieur à son encontre, et «la disparition du détenu Mohammed Abdallah ». Abdelouahab Fersaoui, président du « RAJ », a dénoncé cette dissolution marquée par « l'absence de preuves contre son association, dont le verdict est basé sur des suppositions » qui «n'affaiblira pas 28 ans de résistance et de lutte ». De son côté, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l'Homme (LADDH), a regretté « la fin de 28 années de militantisme et d'engagement pour la citoyenneté, la démocratie, les libertés et pour un Etat de droit », tout en réitérant son appel à « l'arrêt de la répression en Algérie ». Les partis « FFS » et « PT » venus en renfort de la société civile, ont dénoncé « cette procédure judiciaire inéquitable et dangereuse », tout en rappelant que « l'activité associative est un droit garanti par la Constitution ». Ils ont précisé que « cette action remet en cause les acquis du peuple algérien en termes de liberté ». D'autres soutiens émanant de citoyens et d'organisations diverses (18) ont exprimé leur entière solidarité avec l'association «RAJ», tout en exigeant «l'arrêt des restrictions et des poursuites dont cette association fait l'objet ». Pour remédier à cette escalade de la rétorsion, des activistes politiques ont plaidé pour l'organisation d'un « Congrès de l'union pour la volonté populaire », le 1er novembre prochain, visant à contrecarrer « les tensions que connaît l'Algérie à différents niveaux, coïncidant avec l'insistance du système politique illégitime actuel de maintenir ses pratiques défaillantes, qui produisent toujours les mêmes échecs ». Dans ce sillage, une page Facebook a été dédiée à cette initiative, sous l'intitulé « Mobadara DZ », préconisant de « s'accorder sur le contenu de l'initiative et de l'adopter comme référence dans le travail et la communication », mais aussi « la nécessité de continuer le Hirak jusqu'à ce que ses objectifs soient atteints » et « la préservation de l'aspect pacifique du mouvement ». Mobilisation de la diaspora algérienne Parallèlement, la diaspora algérienne, seule capable d'organiser des rassemblements, prévoit un rassemblement vendredi 15 octobre devant le Parlement européen à Bruxelles, pour « soutenir les détenus d'opinion » et « dénoncer la complicité de certains gouvernements européens avec la dictature en Algérie ». Plus encore, le Comité de citoyens Algériens en France a annoncé la tenue d'une marche à Paris, dimanche 17 octobre, sous le thème « Pour la liberté, la souverainté et l'unité du peuple algérien ». Cette marche débutera à 15h (heure locale), en partance du Boulevard Poissonnière au Pont Saint Michel. Elle portera essentiellement sur « la libération des détenus d'opinion » et « le recouvrement de la souveraineté du peuple algérien sur toutes les institutions et les ressources ». Dégradation de la situation interne La cherté de la vie impacte continuellement le quotidien des Algériens, qui manifestent leur colère sur les réseaux sociaux, sur lesquels ils affichent notamment le prix élevé des produits alimentaires. La situation socio-économique induit une recrudescence de l'immigration clandestine, laquelle a atteint des pics alarmants depuis quelques semaines. Ainsi, des centaines d'Algériens, de tout âge et de tout bord, fuient le pays en direction de l'Europe, parfois au péril de leur vie. Les familles des disparus interpellent fréquemment les autorités pour connaître le sort de leurs proches, dont le silence persistant est ressenti là aussi comme de l'indifférence totale.