Plusieurs pays se plaignent que depuis des années du fait que l'Algérie refuse de reprendre ses propres citoyens. Un pays qui n'admet ni les vols spéciaux ni les rapatriements par voie maritime. Si Emmanuel Macron «a durci singulièrement le ton sur l'immigration» en promettant de diviser «par deux le nombre de visas délivrés aux ressortissants d'Algérie, mais aussi du Maroc, et de réduire le nombre de ces précieux sésames de 30 % pour les Tunisiens par rapport à 2020». Depuis des années, les refus de délivrer des visas aux Algériens est devenu très significativement supérieurs à la moyenne. Selon nos sources; outre, le taux de refus élevé pour les Algériens, les délais d'instruction des dossiers et l'incompréhension vis-à-vis des critères de refus (alors non mentionnés) donnent l'impression que l'Algérie fait partie intégrante du problème. En France, Eric Ciotti, le député Les Républicains des Alpes-Maritimes, considère que «cet engagement [du président Macron] relève plus de la promesse électorale que de la réalité», des propos rapportés par Le Figaro. Il s'interroge: «Pourquoi le chef de l'Etat ne l'a-t-il pas fait depuis quatre ans et demi ?». Si pour l'exécutif français, «il s'agit d'inciter [lesdits pays] à se montrer plus coopératifs dans l'exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF) signifiées à ceux de leurs ressortissants qui se trouvent en situation illégale dans le pays», c'est surtout le laisser-aller algérien qui a pénalisé le Maroc et la Tunisie. «Entre janvier et juillet 2021, l'Algérie n'a délivré que 31 laissez-passer consulaires (documents indispensables au retour) pour 7 731 OQTF prononcées, et 22 expulsions réalisées, soit un taux d'exécution de 0,2 %» assure Le Figaro. «La France, de son côté, s'est montrée très généreuse. De 200 000 visas accordés aux Algériens en 2012, le nombre a grimpé à plus de 400 000 en 2017. Il est ensuite redescendu à 200 000 environ en 2019, puis il est passé sous la barre des 100 000 en 2020, du fait de la crise sanitaire. Les annonces du camp Macron aujourd'hui correspondraient à un peu plus de 30 000 visas octroyés pour les six prochains mois. De quoi faire réfléchir Alger» précise-t-on. Selon un haut magistrat expert des questions d'immigration cité par le même journal, «le gouvernement prend habilement comme période de référence l'année 2020, marquée par la baisse historique des chiffres due à la pandémie». Mais, à l'en croire, «ces restrictions vont gêner (...) beaucoup de notables algériens, ayant des intérêts des deux côtés de la Méditerranée. Ils ont besoin d'aller en France, ne serait-ce que pour se faire soigner ou pour gérer certains placements». Selon Eric Ciotti, la France devrait aller plus loin (avec l'Algérie), notamment en renégociant l'accord signé en 1968 avec le pays dans la foulée des accords d'Evian. Un texte bilatéral qui n'a pas été modifié depuis 2001 et dont les dispositions accordent aux Algériens des facilités pour se rendre en France et pour y vivre qui dérogent largement au droit commun, conclut la même source. En Suisse, le député Aeschi Thomas du groupe de l'Union démocratique du centre avait appelé en 2017 à ce que «la Suisse n'accordera plus de visas d'entrée aux citoyens algériens tant que l'Algérie ne reprendra pas ses propres ressortissants. De plus, la Suisse exigera d'être consultée, conformément au Code des visas Schengen, lorsque d'autres Etats membres de l'espace Schengen accordent des visas à des Algériens. Elle s'opposera systématiquement à l'octroi, par d'autres Etats membres Schengen, de visas à des citoyens algériens, afin que l'Etat Schengen concerné ne puisse délivrer qu'un visa à validité territoriale limitée, excluant le territoire suisse».