Après la défaite essuyée par le 8 septembre, le PJD vit dans une ambiance toxique. Deux courants s'affrontent pour s'emparer des rênes du parti : le courant de la première génération et la jeunesse du parti, laquelle exige de la présidence un changement de cap et un retour «aux fondamentaux». Sonné par sa déroute électorale le 8 septembre, le PJD vit des heures sombres. Sa base militante exige un changement de cap, avec une feuille de route «claire et transparente» et un retour aux «fondamentaux», certaines voix allant jusqu'à contester l'idée d'un retour d'Abdel-ilah Benkiran à la tête du parti. Toutefois, les voix progressistes étant favorable à un changement majeur, il veut profiter de la faiblesse du gros bataillon attaché Benkiran dont la situation se trouve profondément altérée ainsi qu'il El Otmani qui n'est plus le maître de la position. Dans la réflexion sur la «refondation» du parti, une idée encore contestée, les premières discussions tournent vite à l'aigre entre partisans du consensus général et tenants d'un FN clairement attaché à ses lieutenants historiques. «La bureaucratie partisane n'a de puissance que pour égarer le changement attendu dans un dédale inextricable de difficultés et de lenteurs, et pour vendre ses services au plus offrant. Le parti a besoin d'une main ferme et prudente qui la réorganise. Certaines tendances au sein du PJD paralysent à chaque instant les forces d'une restructuration espérée. Il s'agit d'une autocritique à mener, ramener nos ambitions dans leurs justes limites» a écrit sur sa page Facebook Abdelali Hamieddine, membre controversé du bureau du parti. Alors que toute l'attention se porte maintenant sur le conseil national, Abdelali Hamieddine, appelle à la construction immédiate d'«un nouveau pacte», critiquant les responsables du parti qui veulent «s'attacher à des illusions en s'abstenant de toute autocritique». Les affaires du parti islamiste paraissent devoir présenter sous peu de nouvelles difficultés et de graves complications avant ses rendez-vous intérieurs. Sans se manifester encore par des faits considérables, la décadence progressive du PJD se révèle par des signes non équivoques. La direction démissionnaire est sans prévoyance et sans force : le noyau dur n'est plus occupé qu'à étouffer des révoltes qu'il est hors d'état de prévenir. À ces graves difficultés viennent s'ajouter les rivalités dans le parti et les dissentiments des hommes qui le guident. Plusieurs membres de la deuxième génération attendent un nouvel ordre de choses. Ces espérances paraissent vaines : le parti islamiste est déjà brisé. ses tendances ne marchent plus ensemble ; l'ambition les sépare. Les premières positions ne leur paraissent pas assez grande pour pouvoir tous s'y placer en même temps et s'y trouver à l'aise. Halima Chouika, membre du Parlement du parti, est amère : «On a oublié peut-être combien il faut de mesure, de ménagements et de prudence pour que l'entente intérieure devienne possible et obtienne quelque durée. Sans doute, la parfaite égalité de situation dans notre cas est une chimère. Hamieddine se trompe quand il dit que les circonstances du PJD exigent un bureau composé d'hommes nouveaux.» Aucun membre du PJD n'ayant encore de titre reconnu et incontestable à la première place tant convoitée, chacun rencontre des amours-propres prêts à se révolter, des chefs dont les affidés partagent et irritent les passions, à l'image d'un Benkiran aujourd'hui plus contesté que jamais. Le PJD est un camp féodal : ses partisans croyaient marcher tous ensemble, il parait que demain chaque bannière reprend le chemin de son manoir, heureux encore si les différentes sensibilités ne tournent pas leurs armes les unes contre les autres. Face à des troupes vent debout, le noyau dur du PJD n'entend pas libérer la parole alors que la base militante réclame «une direction beaucoup plus pluraliste» et «un remaniement de grande ampleur», renchérit Hamieddine. La dernière défaite du PJD dû dessiller les yeux de quiconque a conservé en ce parti quelque peu de d'espoir sur sa présumée unité. Le PJD est désormais un parti faible, incertain de lui-même ; qui se glorifie de succès momentanés. Il se trouve renfermé par la force des choses comme dans un cercle de fer ; menacé de mourir d'épuisement et d'impuissance. C'est un parti qui ne compte pas sur l'avenir. Un autre fait vient de prouver que ses factions sont aux abois. Ce fait, ce sont les déclarations anarchistes de son troubadour Abdelaziz Aftati : des déclarations qui blessent la conscience publique et la volonté populaire : plus de doute, plus de prestiges, les formes et les apparences de la force ne sont plus là pour faire illusion aux esprits. La démocratie du parti a été seulement menée par un petit nombre d'hommes. Elle est le fait de quelques individus. Ses patrons s'isolent, leurs amis eux-mêmes les abandonnent ; non-seulement ils ne veulent plus être leurs alliés, ils ne veulent pas même l'avoir été.