Au vu du progrès significatif réalisé au niveau des candidatures féminines pour le scrutin du 8 septembre, force est de constater que la gent féminine est fortement présente. Cette présence, que ce soit au niveau des élections législatives, communales ou régionales est un signal incontestable et un acquis démocratique visant à renforcer la représentativité des femmes dans le paysage politique national. Le Maroc est toujours distingué par la place très réduite occupée par les femmes dans ses assemblées élues. En attendant que soit adoptée une loi instaurant la parité hommes/femmes pour les candidatures à la plupart des scrutin, une première évaluation démontre que la privation de mandats électifs que subissent les femmes dans le pays reste une réalité appuyée par des raisons institutionnelles régulièrement évoquées comme le mode de scrutin qui privilégie les notables, les sortants disposant de leur circonscription comme d'un fief, et s'y représentant sans cesse puisqu'il n'y a pas d'âge de la retraite en politique. De même, le cumul des mandats, qui aboutit à ce que les principales nominations soient aux mains d'un nombre trop réduit de personnes. Toutefois, la représentation des femmes dans la vie politique a enregistré un progrès notable au Maroc grâce aux réformes et aux stratégies mises en place, par le Royaume, visant principalement à ériger la parité homme-femme, en tant que principe directeur régissant les différents aspects de la vie aussi bien économique, sociale que culturelle et sportive. Dans ce cadre, et afin de concrétiser cette parité et de soutenir la représentativité féminine dans la scène politique, le Maroc a pris conscience, comme c'est le cas dans les pays à l'échelle mondiale, qu'aucun développement réel ne peut être réalisé sans l'implication effective des femmes dans la gestion des affaires publiques. Dans ce contexte, Mme Amina Toubali, membre de la coalition "Parité Maintenant", a souligné que "le principe d'égalité est au cœur de la démocratie et le Maroc a considéré que le choix démocratique est une approche irréversible", ajoutant que la modification de la loi organique n°04.21 imposant un ensemble d'exigences afin d'atteindre le tiers de sièges pour les femmes dans les prochains conseils élus constitue dans ce sens un des principaux acquis démocratiques. Evoquant la situation actuelle de la présence de la femme dans la scène politique, Mme Toubali a précisé, dans une déclaration à la MAP, que "c'est la volonté Royale visant à encourager l'égalité entre les sexes et à concrétiser la parité, qui a contribué énormément à promouvoir les conditions de la femme dans de nombreux domaines, y compris politique". "La valeur ajoutée du développement de la représentativité des femmes dans la vie politique aidera à placer le Maroc au premier rang à l'échelle internationale en matière de respect des questions d'égalité et de parité", a-t-elle dit. "Il est certain qu'il y aura un progrès réel dans le futur, et que le nombre de femmes augmentera dans le reste des étapes à venir, dans la perspective d'atteindre une parité globale à l'horizon 2030 en phase avec l'agenda des objectifs du développement durable que le Royaume du Maroc s'est engagé à atteindre", a-t-elle estimé. En effet, conformément à ses engagements internationaux, le Maroc, pays qui œuvre à l'édification d'un Etat moderne, a enregistré des avancées tangibles en matière de promotion des droits de l'Homme en général, et des droits des femmes en particulier. Dans ce sens, le Royaume s'est progressivement doté d'une législation visant à placer la parité au cœur des politiques publiques et des programmes stratégiques de développement du pays, comme étant un impératif moral et une préoccupation majeure en termes de justice et d'équité. Dans cette lignée, M. El Arbi Yaich, Chercheur principal au centre des études sur l'égalité de genre et les politiques publiques à Rabat, a pour sa part indiqué, dans une déclaration similaire à la MAP, que "la parité est devenue une tendance mondiale et un horizon pour les diverses sociétés humaines, et le Maroc ne peut pas rester à l'écart de cette dynamique mondiale". "Le Maroc a maintenant atteint une étape irréversible, où la proportion de femmes a atteint un tiers dans un certain nombre d'institutions élues, telles que les régions, les préfectures, les territoires et les collectivités dont les membres sont élus selon le mode de scrutin par liste, ainsi que dans d'autres institutions comme le Parlement", a précisé M. Yaich. "Le développement de l'intégration des femmes dans la vie politique aura un impact positif sur la situation économique ainsi que sur le leadership de la gent féminine, car tout développement implique la participation des diverses composantes et forces de la société, toutes sensibilités et horizons confondus", a-t-il précisé rappelant que les femmes constituent un peu plus de la moitié de la population au Maroc. Dans ce sens, M. Yaich a estimé que "la participation des femmes dans la vie politique conduit à l'émergence de femmes leaders et charismatiques, et contribue à leur épanouissement, comme en témoignent également les élections législatives et locales, qui ont révélé un certain nombre de femmes avec de grandes qualités de leadership, une présence agissante et une grande capacité de débat et de persuasion". "D'autre part, la forte présence des femmes sur la scène politique favorisera le développement économique du pays, comme le confirment de nombreuses d'études, à condition de réunir certains éléments, notamment la compétence, la force de caractère et un niveau d'étude supérieur", a-t-il souligné, ajoutant que cette représentativité féminine conduira également à une plus grande indépendance économique et matérielle de la femme vis-à-vis de l'homme, et donc une indépendance intellectuelle. Par ailleurs, la présence des femmes marocaines dans le paysage politique national a connu, depuis la Constitution de 2011 et les élections législatives qui ont suivi, une croissance remarquable. Le Maroc est passé de trente sièges consacrés aux femmes à la Chambre des représentants en 2002 et 2007 à 67 sièges en 2011, soit le double du nombre de sièges qui leur sont exclusivement réservés. Aux législatives de 2016, 81 femmes ont décroché leurs sièges sous la coupole au lieu de 67 aux élections de 2011, ce qui signifie que le taux de représentativité a atteint 20,5 % au lieu de 17 % auparavant.