Les Algériens ont été profondément outrés par le lynchage et l'immolation d'un homme accusé à tort de pyromanie en Kabylie, région berbérophone du nord-est du pays ravagée par les feux décrit comme une victime de la propagande du régime. Soixante-et-un suspects ont été arrêtés depuis le meurtre de Djamel Bensmaïl, le 11 août. Le régime algérien, devant l'ampleur du scandale, a accusé le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation indépendantiste, d'être responsable des incendies et de la mort ignominieuse du jeune homme. Selon plusieurs sources algériennes, la police a fabriqué les aveux dans l'affaire Djamel Bensmaïl en contraignent des individus à endosser un crime qu'il n'aurait pas commis. Des aveux non circonstanciés recherchés parce qu'ils permettent de boucler plus facilement une procédure douteuse. Mais l'interrogatoire mené ne vise pas uniquement à convertir un suspect en coupable, il permet aussi que s'acquière et se perpétue une idée perturbante du sens pratique policier algérien. Des internautes algériens ont cru reconnaître un individu proche de l'ancien général de corps d'armée Mohamed Mediène, dit «Toufik», qui a dirigé le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) pendant un quart de siècle parmi les individus impliqués dans la mort de Djamel Bensmaïl, une affaire qui a semé le doute sur l'efficacité et les méthodes des services de renseignement internes au moment où la guerre entre la Direction générale de la sécurité intérieure (DSI), la Direction générale de la documentation et de la sécurité (DDSE) et la Direction générale du renseignement technique (DRT) est plus vive que jamais.