Le premier avion espagnol ramenant de Kaboul une cinquantaine d'Afghans et quelques Espagnols est arrivé jeudi 19 août à la base militaire de Torrejón de Ardoz (nord-est de Madrid). L'appareil militaire, un Airbus A400M qui avait quitté Dubaï mercredi soir, est l'un des trois avions mobilisés par le gouvernement espagnol pour assurer un pont aérien afin d'exfiltrer d'Afghanistan les quelques Espagnols qui s'y trouvent bloqués depuis la prise du pouvoir des talibans, mais aussi tous les Afghans ayant travaillé avec l'Espagne, ainsi que leurs familles. 48 Afghans dont une trentaine d'enfants Ce premier groupe de rescapés a été accueilli peu après 2h30 GMT sur le tarmac de la base de Torrejón de Ardoz par le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, et celui de l'Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations, José Luis Escrivá. Ils devaient d'abord se soumettre à certaines formalités, notamment un test de détection du Covid-19 et des entretiens. Dans une interview à la radio Cadena Ser, José Luis Escrivá a précisé que ce premier groupe était composé de 48 Afghans et de cinq Espagnols et a ajouté qu'il y avait 32 enfants. Les journalistes ont également pu voir plusieurs femmes descendre de l'appareil. Pour sa part, José Manuel Albares a expliqué à la presse qu'outre le rapatriement des citoyens espagnols, l'objectif de Madrid était de «transférer toutes ces personnes qui ont collaboré avec l'Espagne et leurs familles». Il a toutefois refusé de dire combien d'Afghans le gouvernement espagnol comptait exfiltrer, mettant en avant «des raisons de sécurité». Un «point d'entrée» dans l'Union européenne Madrid a également accepté de faire sortir d'Afghanistan le personnel local de l'UE et de l'Otan et de l'acheminer vers l'Espagne, qui servira ainsi de «point d'entrée dans l'Union européenne», selon un communiqué publié lundi par le ministère espagnol des Affaires étrangères, qui précisait que le gouvernement espagnol répondait à une demande de ces deux institutions. Ces ressortissants afghans seront ensuite envoyés dans divers pays européens. Le chef de la diplomatie européenne, l'Espagnol Josep Borrell, avait indiqué mercredi dans une interview à la télévision nationale espagnole que l'UE avait «400 personnes à rapatrier». Selon les estimations les plus fréquentes, l'Espagne voudrait évacuer entre 500 et 600 personnes, dans leur immense majorité des Afghans. Le nombre des Espagnols qui se trouvaient à Kaboul lors de la chute de la ville aux mains des talibans était, en effet, très faible. Escrivá a précisé qu'après le retour des cinq Espagnols qui se trouvaient à bord de cet appareil, les seuls Espagnols encore à Kaboul étaient des diplomates et les policiers qui assurent leur sécurité, qui supervisent les évacuations vers l'Espagne. Si l'on excepte ces fonctionnaires, «il n'y a plus d'Espagnols qui attendent d'être rapatriés d'Afghanistan», a-t-il dit. Le pays, comme ses voisins, s'est engagé Comme tous les pays occidentaux, l'Espagne s'est engagée à évacuer tous les Afghans qui l'ont aidée dans sa mission en Afghanistan, qu'il s'agisse des interprètes qui travaillaient avec son détachement militaire ou des employés de l'Agence espagnole de coopération internationale et de Développement (AECID), ainsi que leurs familles. L'Espagne avait annoncé dimanche l'envoi à Dubaï de deux appareils A400M de l'armée de l'Air chargés d'assurer les rotations vers Kaboul. Le premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a ensuite annoncé l'envoi d'un troisième appareil, un A400M médicalisé, qui est parti mercredi à destination de Dubaï. Pedro Sánchez, qui se trouve actuellement en vacances, devait présider ce jeudi à la mi-journée la première réunion du groupe de travail mis sur pied pour superviser cette opération d'évacuation, qui comprend six ministres, dont ceux des Affaires étrangères, de la Défense et de l'Intérieur.