Le nouveau calcul déterminant le quota d'élus vise toutes les formations politiques. Pour justifier leur vote en faveur de la nouvelle loi électorale, les principaux partis au Maroc, à l'exception du PJD, ont fait valoir qu'elle permettrait aux petits partis d'accéder à l'hémicycle. Le calcul du quotient électoral sur la base des inscrits aux listes électorales a suscité un large débat dans les deux chambres du Parlement, du fait que cette nouvelle méthode de calcul constitue un mécanisme fondamental pour la répartition des sièges. Si ce processus de répartition des sièges a focalisé tant de discussions et de joutes lors de sa présentation pour approbation au Parlement, certains voient que les chances des grands partis pour l'obtention de plus d'un siège dans une même circonscription électorale risquent de se réduire. De l'avis de nombreux chercheurs, la modification du quotient électoral s'inscrit dans le cadre du renforcement de l'édification démocratique et de la consolidation de la légitimité électorale, en ouvrant la voie à toutes les forces politiques à la participation dans l'élaboration et la prise de décision tant au sein de l'institution législative que dans le reste des organes représentatifs territoriaux. Dans ce contexte, le politologue et universitaire Mohamed Bouden, a estimé que le nouveau quotient électoral représente une solution efficace pour renforcer la légitimité électorale. Il a noté que «cette formule qui découle du devoir national» permettra d'augmenter la participation aux échéances électorales. L'universitaire a mis en avant les avantages du quotient électoral, dans sa nouvelle mouture, soutenant que ce mécanisme permet de préserver les chances des petits et moyens partis, d'autant qu'il ne restreint guère les ambitions des partis souhaitant asseoir une meilleure position. Selon lui, l'enjeu démocratique doit être abordé dans son contexte national et en relation avec la culture de la nation, considérant que le nouveau quotient électoral établit des équilibres et n'a aucun impact sur les voix des électeurs. Il a dans ce sens souligné que la volonté exprimée par les électeurs est ce qui rapproche un parti ou un autre du quotient électoral, extrait d'un processus de calcul préétabli qui ne cible aucun parti et n'affecte pas la liberté de vote. Le politologue a noté que le nouveau quotient électoral établira un climat concurrentiel qualitatif entre les partis politiques et encouragera les électeurs à activer leur droit personnel et leur devoir constitutionnel et à augmenter les votes. «Cela peut brouiller les cartes de certains partis traditionnels et des élites qui ont des électeurs fidèles ou qui bénéficient du faible taux de participation», a-t-il expliqué. Concernant les effets politiques possibles du nouveau quotient électoral, M. Bouden a estimé que les partis représentés au Parlement vont augmenter, ce qui s'inscrit en droite ligne du critère de représentativité qui garantit la présence des différentes composantes de la scène partisane dans les institutions et ne se contente pas de «récompenser uniquement certains partis». Il a indiqué que certains partis vont enregistrer des sauts importants et d'autres des reculs plus ou moins profonds. S'agissant des répercussions éventuelles du nouveau mécanisme sur la formation de la majorité et de l'opposition et sur la composition de la coalition gouvernementale, M. Bouden a fait observer que la carte politique devra connaître un décompte objectif qui pourrait être défavorable à certaines élites ayant longtemps marqué la scène politique. «La Constitution dans son aspect relatif au choix démocratique est une question d'édification continue et un champ de renforcement et de développement», a-t-il dit, relevant que l'expérimentation d'un mécanisme nouveau demeure un enjeu vital pour la praxis politique.