Le parti Justice et Développement (PJD, islamiste) qui dirige la coalition gouvernementale a préféré bouder la visite du chef de la diplomatie israelienne Yaïr Lapid. Mohamed Amekraz, dont l'image a été ternie à la suite d'un scandale de fraude aux cotisations sociales, fait encore parler de lui. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, est arrivé mercredi pour sa première visite officielle au Maroc, sept mois après la reprise des relations entre Rabat et Tel-Aviv. Selon nos sources, Meir Cohen, ministre du bien-être et des services sociaux, ne devrait pas rencontrer son homologue Mohamed Amekraz, ministre du travail et de l'insertion professionnelle, alors que le secteur de l'emploi est un des enjeux essentiels de cette visite. Arrivé dans la matinée à Rabat, M. Lapid doit s'entretenir avec des hauts responsables marocains. Des accords bilatéraux avaient été signés entre les deux parties auparavant, centrés sur la gestion de l'eau, les connexions des systèmes financiers, l'exemption de visa pour les diplomates et les liaisons aériennes directes. De nouvelles conventions seront entérinées dans les prochaines heures. Si les raisons de l'absence d'Amekraz sont encore inconnues, ce geste pourrait être perçu comme un nouvel acte de défiance envers la ligne diplomatique marocaine, que le PJD a critiqué à plusieurs reprises et à mots couverts. L'esprit de parti exercé sur de si hautes et de si graves matières ne peut qu'alarmer. Le caprice d'un parti qui guide le gouvernement est aussi aveugle que celui du parti livré à l'esprit de faveur. Amekraz, qui préside la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) a été au cœur d'un retentissant scandale après que Barlamane.com a révélé qu'il se dispense lui-même de l'obligation de déclarer ses propres salariés, qui reçoivent déjà de vils traitements. Mohamed Amekraz, avant d'être en charge du portefeuille de l'emploi, tenait auparavant un bureau d'avocat à Agadir. Par une politique de prépondérance de son idéologie au détriment des intérêts du Maroc, qui n'avait rien de nouveau, il est vrai, mais dont les désastreux effets se font sentir partout, le PJD était insensiblement arrivé à créer une situation et un système qui mettent doublement en jeu les intérêts du Maroc, contraires à l'esprit de la diplomatie marocaine, et parce qu'ils ne profitent qu'aux passions bornées qui guident la formation islamiste, qui s'abstient de poser en principe et en fait que les nouveaux changements sur la scène régionale sont inéluctables. En juin, une délégation du mouvement palestinien Hamas menée par son chef du bureau politique, Ismaïl Haniyeh est arrivée au Maroc. Le programme de la délégation du Hamas, invitée par le PJD, a compris notamment des rencontres avec des partis politiques marocains. Yaïr Lapid devrait ouvrir une représentation diplomatique à Rabat et rencontrer son homologue marocain, Nasser Bourita. Il devrait également visiter la synagogue Beth-El à Casablanca lors de son voyage de deux jours, a indiqué le ministère israélien des affaires étrangères. Si le parti islamiste veut montrer aujourd'hui jusqu'où la politique publique peut continuer à se passer de lui, il réussit très bien. L'accord de reprise des relations entre le Maroc et Israël a été signé par le chef du gouvernement marocain Saad-Ddine El Othmani, et il a suscité des remous au sein du PJD. Mais quel ministère pourrait consentir de laisser faire de l'avenir du Maroc une spéculation par commandite ?