Les services des douanes algériennes ont été accusées de ne pas faciliter «le traitement immédiat du matériel médical importé dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19». Des difficultés dans le dédouanement de certains équipements ont été mentionnés. Le ministère de l'industrie pharmaceutique en Algérie a décidé, «à titre d'exception», d'autoriser aux particuliers d'importer des concentrateurs d'oxygène et autres dispositifs et outillages médicaux, sans la licence préalable d'importation traditionnellement exigée par les douanes algériennes. Mais la vérité sur le terrain est amère. Plusieurs réactions sur les réseaux sociaux algériens ont «fait état de difficultés de dédouanement du matériel médical (concentrateurs d'oxygène) imputées aux services opérationnels des douanes» au moment où les hôpitaux publics du pays, déjà démunis en temps normal en raison d'une mauvaise gestion et d'un manque d'attirail médical, ont à nouveau appelé à l'aide pour obtenir notamment des équipements de protection et des respirateurs. La douane algérienne aurait autorisé les Algériens venant de l'étranger à rapporter des concentrateurs d'oxygène. Mais l'installation de ce matériel pâtit d'un manque de coordination ou d'obstacles bureaucratiques venus de l'administration. Les Algériens, sceptiques au sujet de l'efficacité des pouvoirs publics, ont multiplié les initiatives citoyennes pour doter en urgence les hôpitaux dans plusieurs wilayas (préfectures). Une grande collecte de fonds a été menée par la diaspora – près de 460 000 euros ont été amassés – pour l'achat de matériel d'oxygénothérapie et de concentrateurs. Pour certains professionnels de la santé et des sources internationales, les chiffres officiels des contaminations et des décès ne prennent en considération que de ceux ayant fait l'objet d'une analyse PCR, ce qui aggrave encore la situation actuelle. Le professeur Réda Djidjik, chef de service d'immunologie au CHU de Béni Messous, à Alger, a provoqué une onde de choc en soulignant que les chiffres du ministère de la santé devaient être «multipliés par trente pour avoir une idée plus conforme à la réalité sur la situation actuelle».