Mohamed Boudarga a été arrêté le 27 juillet sur la base de renseignements fournis par les services marocains. Le magazine Jeune Afrique retrace son parcours de Deir ez-Zor à Thessalonique, en passant par Raqqa. Vêtu d'une tunique sombre, d'un turban noir, portant une légère moustache et un bouc, il était apparu devant un fond noir portant le sigle de l'EI, un fusil-mitrailleur posé sur le bras. C'est un membre phare de l'EI qui a longtemps séjourné dans la ville de Raqqa, dans le nord-est de la Syrie, une localité qui constitue le fief syrien de l'Etat islamique (EI), où il aurait reçu pour instructions de perpétrer des attentats au Maroc. Après qu'il eut emprunté un itinéraire complexe, il a été arrêté grâce aux services de renseignement marocains qui ont retrouvé sa trace. «Un Marocain âgé de 28 ans a été arrêté lors d'une opération secrète dans la ville de Salonique pour liens avec le groupe EI» en Syrie, ont indiqué des sources au sein de la police grecque, grâce à ses informations marocaines. Le suspect faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par le Maroc depuis 2017. Selon l'agence de presse MAP qui cite une source des services de sécurité, l'arrestation a eu lieu mardi «sur la base de renseignements précis fournis par les services de sécurité marocains». «C'est grâce à des renseignements précis fournis par les services de sécurité marocains (Direction générale de la surveillance du territoire — DGST — et Direction générale des études et de la documentation — DGED) à leur homologue grec, l'EYP, qu'un ex-cadre de l'Etat islamique (El), a été interpellé le 27 juillet à Thessalonique, dans le nord de la Grèce» détaille le magazine Jeune Afrique qui révèle sa véritable identité : «il s'agit de Mohamed Boudarga, alias Abou Mohamed al Fateh, clias Abou Mokatil al Andaloussi.» Il «était apparu dans une vidéo montrant une opération ayant ciblé un combattant syrien à l'aide d'une arme de guerre, en flagrant délit de mutilation de son cadavre» a-t-on affirmé. Le suspect «a pu s'évader (de Syrie) en utilisant de faux documents et une fausse identité», avait précisé l'agence MAP sans préciser la date de son arrivée en Grèce. «Boudarga, 28 ans, a été l'un des premiers Marocains à rejoindre, en juin 2014, la zone syro-irakienne (ils seront 1 600 ou total) afin d'intégrer les rangs de Daech» précise le magazine panafricain, qui a eu accès au mandat d'arrêt international émis par le Maroc en 2017. Le suspect «a tout d'abord suivi un entraînement militaire avant d'être affecté à la Firka al Khassa («brigade spéciale») de Deir ez-Zor, dans l'est de la Syrie, alors sous la coupe de l'Etat islamique (El). Remarqué par ses chefs pour son zèle, Boudarga est ensuite muté à Ragga, la capitale du califat, où il occupe un poste important au sein de la très redoutée Al Hisba (la police religieuse) : il est chargé de récupérer et redistribuer des biens saisis ou abandonnés» Caïd sanguinaire «Ce petit caïd, qui n'hésite pas à s'exhiber sur des vidéos sanglantes l'une d'entre elles, mise en ligne en mai 2015, le montre piétinant le cadavre d'un soldat syrien avec le sourire), est alors considéré comme très proche du porte-parole de Daech, Taha Sobhi Falaha (alias Abou Mohamed al Adnani), responsable des opérations terroristes extérieures» rapporte le magazine panafricain. «C'est ce dernier qui, peu avant sa mort en août 2016, avait assigné à Boudarga sa nouvelle mission : exporter le jihad au Maroc et implanter un maquis au cœur de l'Atlas. Boudarga s'était donc infiltré en Turquie, muni de faux papiers syriens, en compagnie de son épouse franco-marocaine Louiza Hajjaoui, membre elle aussi de la police religieuse de Raqqa» a-t-on précisé. «Le 6 février 2018, celle qui se fait surnommer Oum Haïjar est arrêtée par la police turque en vertu d'un mandat d'arrêt d'Interpol délivré à la demande de la France — qui la soupçonne de diriger un réseau d'exfiltration de femmes djihadistes vers l'Europe —, puis extradée vers Paris. Boudargo, lui, passe entre les mailles du filet. À la mi-juillet 2021, il entre clandestinement en Grèce avant d'être repéré une semaine plus tard et interpellé» rapporte-t-on. «Mohamed Boudarga est le deuxième ancien cadre marocain de Daech arrêté en ce mois de juillet en Europe sur la base de renseignements fournis par la DGST marocaine. Le 9 juillet, Abderrahmane Al Afia, alias Abi al Barae, un ancien du Front al-Nosra (affilié à Al-Qaïda) ayant rejoint l'El, a été appréhendé à Salerne par la police italienne. La justice marocaine réclame leur extradition» souligne-t-on. Les services de renseignements du Maroc ont annoncé début juillet l'arrestation en Italie d'un autre ressortissant marocain qui aurait occupé un poste «dirigeant» au sein de l'EI et Irak et en Syrie. Le Maroc a adopté en 2015 une nouvelle loi qui punit de peines de 10 à 15 ans de prison les djihadistes revenant de zones de conflit.