Plusieurs centaines de femmes ont manifesté samedi 10 juillet à Dori, dans le nord du Burkina Faso, pour dénoncer l'insécurité et les violences djihadistes qui minent leur vie quotidienne. Les manifestantes, majoritairement de blancs vêtues, arboraient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: «Nous refusons de mourir en silence», «Stop à l'insécurité» ou encore «Les femmes du Sahel sont fatiguées d'enterrer leurs enfants et leurs époux». Brandissant des balais, les manifestantes, soutenues par quelques hommes, ont défilé dans les rues de la ville de Dori, chef-lieu de la région du Sahel. «Plus d'un mois après le massacre de Solhan , la situation sécuritaire dans notre région demeure peu rassurante malgré les discours officiels», a déclaré Aminata Cissé, la porte-parole du collectif des femmes du Sahel, à l'origine de la manifestation. «Nous, femmes du Sahel, sommes à bout: nous n'en pouvons plus et n'accepterons plus de supporter plus longtemps ces peines et souffrances qui marquent de manière horrible le vécu quotidien des populations du Sahel en général et celui des femmes en particulier», a-t-elle affirmé. Sous les acclamations, elle a souligné que les femmes du Burkina «veulent vivre enfin débarrassées de deuils récurrents et de veuvage à porter, du fait des massacres de leurs époux et de leurs enfants». Dans la nuit du 4 au 5 juin, au moins 132 personnes, selon le gouvernement et 160 selon des sources locales, ont été tuées dans l'attaque du village de Solhan, près de la frontière avec le Mali et le Niger. Cette attaque est la plus meurtrière depuis le début de l'insurrection djihadiste au Burkina Faso, il y a six ans, qui a fait plus de 1 500 morts et contraint un million de personnes à fuir leur foyer. Les 3 et 4 juillet, des manifestations de colère de milliers de Burkinabè contre cette violence djihadiste ont eu lieu dans tout le pays, y compris la capitale Ouagadougou, à l'appel de l'opposition et de la société civile. Le 12 juin, plusieurs milliers de personnes avaient déjà manifesté à Dori pour dénoncer «l'inaction» des autorités, juste après le massacre de Solhan.