Au moins 719 personnes sont mortes depuis le début de la vague de chaleur, soit trois fois plus qu'en temps normal. L'armée canadienne se tenait prête à apporter une assistance, notamment aérienne, dans la lutte contre les incendies qui continuaient à faire rage samedi 3 juillet en Colombie Britannique, après une vague de chaleur inédite et meurtrière dans l'ouest du pays et des Etats-Unis. Quelque 174 feux étaient actifs samedi dans la province canadienne, dont 78 se sont déclarés dans les deux derniers jours, selon le service des incendies de Colombie Britannique. Celui-ci précise que 70% de ces incendies sont vraisemblablement dus à des éclairs provoqués par la chaleur. Cette province occidentale, au climat habituellement humide et tempéré, a vu le thermomètre s'emballer il y a une semaine. Au moins 719 personnes y sont mortes depuis le début de cette vague de chaleur, soit trois fois plus qu'en temps normal, selon les autorités sanitaires locales. De l'autre côté de la frontière, le nord-ouest des Etats-Unis s'est également retrouvé sous ce «dôme de chaleur», un phénomène climatique rare aggravé, selon les experts, par le réchauffement climatique. La petite communauté de Lytton, à 250 km au nord-est de Vancouver, est devenue le symbole de cette crise: après avoir battu le record historique de chaleur au Canada, avec 49,6 degrés Celsius, elle a été la proie des flammes qui ont ravagé 90% de son territoire. Ses 250 habitants ont dû partir très rapidement, mercredi soir, certains d'entre eux sans avoir le temps de rien emporter, a raconté l'un d'entre eux, Gordon Murray, samedi à la chaîne publique CBC. Gordon Murray ne s'inquiétait pas trop car il y avait de la fumée dans la région depuis plusieurs jours. Mais la situation a changé lorsqu'il s'est aperçu que ses voisins essayaient d'éteindre de petits foyers dans leur jardin avec un tuyau d'arrosage. «C'est là que nous avons compris que c'était sérieux et lorsque le courant a cessé de fonctionner, nous avons compris que nous n'avions plus le choix et qu'il fallait partir. Nous avons attrapé nos portefeuilles et sauté dans la voiture», se souvient-il, en disant avoir dû traverser la localité à travers les flammes et les maisons en feu. Un autre habitant, Jeff Chapman, avait expliqué plus tôt à CBC, avoir vu, impuissant, ses parents mourir dans le sinistre, quand un poteau électrique est tombé sur leur abri. Pyrocumulus Un responsable autochtone de la région de Lytton, Matt Pasco, président du conseil tribal de la nation Nlaka'pamux, a pour sa part critiqué les autorités de la province leur reprochant, selon des médias locaux, d'avoir ignoré les besoins de sa communauté. Les autorités autochtones ont dû essayer de sauver des vies avec peu ou pas d'aide du gouvernement provincial, affirme Matt Pasco, qui dit y voir un signe de la façon dont les autorités provinciales traitent les peuples autochtones. Le mercure a commencé à redescendre sur la côte, mais la vague de chaleur s'est étendue vers l'intérieur du Canada jusqu'en Ontario, et de nombreuses régions restaient samedi sous alerte canicule ou d'orages violents. Après une réunion vendredi 2 juillet du premier ministre Justin Trudeau avec plusieurs de ses ministres, Ottawa a annoncé l'ouverture d'un centre d'opération à Edmonton, dans l'ouest du Canada, où 350 soldats se tiendront prêts à apporter une aide logistique. Les forces canadiennes doivent en particulier fournir une aide aérienne pour transporter des pompiers ou évacuer des habitants. Des ordres d'évacuation ou des alertes d'évacuation – avertissant les habitants de se tenir prêts à partir – ont été émis pour plusieurs localités de Colombie Britannique. Depuis quelques jours, la situation est aggravée par l'apparition d'un phénomène rare: les pyrocumulus, des nuages orageux qui se forment au-dessus de sources de chaleur intense. Comme ces derniers génèrent à leur tour de la foudre, ils facilitent la création d'autres brasiers. Les orages qui se sont formés au-dessus des provinces de Colombie-Britannique et d'Alberta ont ainsi généré plus de 700.000 éclairs entre mercredi et jeudi, a calculé l'entreprise finlandaise Vaisala, spécialiste de mesures environnementales. Des éclairs ont également été enregistrés vendredi 2 juillet en Californie, où des feux de forêt ont dévoré plus de 15 000 hectares, y compris dans une zone touristique qui s'apprêtait à accueillir de nombreux visiteurs pour le long week-end de la fête nationale du 4 juillet.