Le nouveau gouvernement algérien formé sera confronté à un lourd bilan économique, marqué par la double crise du coronavirus et l'effondrement des prix du pétrole. Il cherchera à sauver une économie étranglée par un chômage qui frappe un quart des actifs et par une politique de rigueur draconienne. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a désigné le ministre des finances, Aïmen Benabderrahmane, au poste de premier ministre, en remplacement d'Abdelaziz Djerad, au lendemain des élections législatives contestées du 12 juin. Le scrutin a connu un taux d'abstention historique (77 %) qui avait dévoilé des partis politiques fortement discrédités comme le Front de libération nationale (FLN) ou le Rassemblement national démocratique (RND). Aïmen Benabderrahmane est considéré comme une figure technocratique, ce qui signifie que le gouvernement comprendra des personnalités affiliées au président et d'autres de nombreuses formations politiques infondées au régime. Mais les défis sont lourds. La question est de savoir comment une un pays dépendant pour l'essentiel de ses exportations de pétrole et de gaz pourra-t-elle entamer la libération de son commerce extérieur et une ouverture graduelle de son économie ? «L'Algérie fait face à une situation économique difficile et inédite en raison de plusieurs facteurs : la crise structurelle héritée de l'ère Bouteflika, la chute des cours des hydrocarbures et enfin la crise du coronavirus», avait reconnu l'ex-premier ministre démissionnaire, Abdelaziz Djerad. L'économie algérienne a subi un violent choc au cours de l'année 2020, en raison de la pandémie de la Covid-19 et de l'effondrement des prix du pétrole, lesquels ont entraîné un déficit historique du budget 2021, qui s'élevait à 22 milliards de dollars et des crises sociales répétées. «L'entêtement de certains à tenir des grèves à un moment suspect est la meilleure preuve que ceci ne peut s'inscrire que dans une tentative de semer le trouble pour réaliser des objectifs et des intérêts qui ne vont pas dans le sens de l'amélioration de la situation professionnelle et des droits des travailleurs», a écrit El Djeich, la revue de l'armée algérienne. La double crise a incité les autorités algériennes à réduire de près de moitié les dépenses publiques et à geler des projets importants dans plusieurs secteurs. Le nouveau gouvernement sera également confronté à une augmentation du chômage, car les données officielles algériennes indiquent que le pays a perdu environ un demi-million d'emplois en raison de la pandémie. Les effets de la multicrise se sont étendus aux prix des biens de consommation de toutes sortes, et le gouvernement devra faire le pari de contrôler la flambée des prix qui s'est intensifiée depuis des mois, notamment avec l'avènement du dernier mois de ramadan, durant lequel le pouvoir d'achat détérioré. La monnaie locale algérienne (le dinar) n'a pas été épargnée par les conséquences de la crise, puisqu'elle a atteint des niveaux record d'effondrement face au dollar et à l'euro. La loi de finances générale pour 2021 prévoit que le taux de change moyen atteindra 142 dinars pour un dollar, et 149 dinars en 2022. Selon les estimations, les autorités s'attendent à une baisse de 5 % de la valeur de la monnaie locale (le dinar) chaque année, au cours des trois prochaines années, par rapport aux devises étrangères. Selon les données de la Banque centrale d'Algérie, le taux de change du dinar a atteint début juin le niveau de 134 contre dollar et 160 contre euro. Les réserves de change algériennes s'élevaient à 42 milliards de dollars fin février 2021, contre 194 milliards de dollars fin 2014. Selon les analystes, plusieurs indicateurs sombrent dans le rouge, comme celui du chômage, de la croissance, du déficit budgétaire et autres. «Le nouveau gouvernement doit entreprendre une évaluation et un diagnostic précis des souffrances de l'économie du pays dans divers secteurs, tels que l'agriculture, l'industrie, le commerce, la santé, le tourisme, la technologie moderne et autres» a-t-on annoncé.