Le monde a les yeux rivés sur la rencontre qui aura lieu aujourd'hui et qu'a bien voulu accorder Joe Biden à Pedro Sanchez. Et pour cause, le landerneau politique et médiatique espagnol est enfin soulagé de ce futur entretien et le fait savoir. De mémoire d'homme un nouveau président américain ne s'était laissé accaparé par ses affaires courantes au point de ne pas contacter un chef de gouvernement espagnol plus de quatre mois après son investiture. Amputé de sa diplomatie qu'il a lui-même affaiblie en retirant à Arancha Gonzales Laya le dossier Maroc-Espagne au profit de la vice-présidente du gouvernement Carmen Calvo, à la veille de sa rencontre avec le président des Etats Unis, Pedro Sanchez a-t-il voulu montrer qu'il se désengageait après coup, de certaines des décisions prises liées à la crise Maroc-Espagne ? Probablement, à lire la presse espagnole, qu'elle soit la voix du gouvernement, des agences de presse, ou des medias « indépendants ». Toutes ces voix s'attendent à une résolution de la crise Maroc-Espagne par le biais de Joe Biden directement. Mais toutes s'accordent à reconnaître que la durée de cet entretien ainsi que l'ordre du jour demeurent inconnus puisque le président de la première puissance mondiale ne l'a pas encore circonscris. Il est clair que relancer le G7 et l'OTAN comme de maintenir la paix au Moyen-Orient sont d'une importance primordiale pour les USA . Puis celle dans la région du Sahel. L'Espagne en tant que partenaire bilatéral des USA, doit certainement compter. Mais apparemment dans une moindre mesure si l'on en juge l'agenda de discussions avec son représentant puisqu'il se fera pour une première fois, en marge d'une rencontre à Bruxelles. Pourtant Sanchez a plusieurs dossiers à soumettre à Biden, sur lesquels l'opinion publique espagnole l'attend. Il s'agira de mettre à profit le temps qui lui sera accordé. Tout d'abord essayer de rediscuter les nouvelles taxes douanières sur certains produits espagnols sur le marché américain, lesquelles, selon une annonce en date du 15 mai comme le rapporte l'agence de presse Europapress concernent une hausse de 25% sur ces produits. Fin mars, le Département d'Etat a mis en garde le gouvernement espagnol contre les attaques verbales « multiples » dont souffre « certains médias et certains journalistes », dans le rapport sur la situation des droits de l'Homme dans le monde qu'il publie annuellement ainsi que sur la corruption. Redorer son image personnelle aux yeux de Biden, redonner un semblant de lustre à la politique étrangère de son pays tel que le relève la presse espagnole et de stature à sa propre fonction boudée jusque-là par le POTUS, resterait sa seule option pour regagner peut-être une popularité en baisse nette à deux ans des législatives. Comment dans ce contexte, Sanchez pourra-t-il faire pression/insister (selon le terme utilisé par El Confidencial dans son édition du 12 juin) pour que le Maroc reprenne ses relations avec son pays ? et ce, en ayant tenté d'européaniser et d'intrumentaliser la crise Maroc-Espagne, bafoué le droit international et le droit espagnol concernant les mineurs non accompagnés et la prise en charge sous fausse identité d'un tortionnaire sous le coup de plaintes de torture, en Espagne, et orchestré son départ ? Sous quel angle, lui qui a infligé à sa propre diplomatie sur le sujet un désaveu public, présentera-t-il sa demande au président américain pour apaiser la crise ? Seul lui-même ou Calvo le dira.