La résolution que le Parlement européen a approuvée aujourd'hui, condamnant le Maroc pour l'utilisation de l'émigration comme une forme de pression contre l'Espagne, a été le dernier désaccord dans une relation complexe qui ces dernières années n'a pas été exempte de tensions, presque toujours avec le Sahara et la pêche en toile de fond, affirme l'agence EFE. Avec (397 voix pour, 85 contre et 196 abstentions) la résolution adoptée ce 10 juin par les quatre principaux groupes du PE (populaire, socialiste, libéral et vert) met en cause le Maroc pour «le recours aux contrôles aux frontières, aux migrations et aux mineurs non accompagnés», pour «faire pression politique» sur l'Espagne. L'arrivée, mi-mai, de près de 10 000 migrants à Sebta, dont beaucoup de mineurs, à la suite de contrôles frontaliers légers, a marqué le faîte d'une crise majeure entre Rabat et Madrid, provoquée par l'hospitalisation en Espagne du chef du Front Polisario, considéré comme un «criminel de guerre». La résolution du Parlement européen n'a pas de force contraignante sur le Maroc. Rabat avait par avance dénoncé la motion présentée par les eurodéputés espagnols comme une une «initiative s'inscrit dans une tentative de détourner l'attention d'une crise politique purement bilatérale entre le Maroc et l'Espagne», a affirmé le président de la chambre des représentants Habib El Malki dans un communiqué publié lundi. L'#UE a montré sa capacité forte à détruire ses propres intérêts stratégiques et sa propre sécurité en votant cette résolution stupide contre le #Maroc. La gauche espagnole avait tendu un piège au @Europarl_FR : il est tombé les deux pieds dedans! https://t.co/sFyjYR5nM9 — Aymeric Chauprade (@a_chauprade) June 10, 2021 En prévision de la résolution, hier, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déjà accusé l'Espagne de «tenter d'européaniser une crise bilatérale», mais la commissaire européenne à l'égalité, Helena Dalli, a clairement indiqué aujourd'hui «une pleine solidarité avec l'Espagne» et a souhaité que «des situations similaires ne se reproduiront pas». Pour le moment, le Maroc use de son droit de réserve, mais au cours de la dernière décennie, Rabat a réagi aux différentes décisions des tribunaux européens ou du Parlement européen, peu importe combien le Conseil ou la Commission ont montré de distance avec leurs organes législatifs ou judiciaires. 2016 : suspension des contrats pour un an «Le désaccord le plus grave du Maroc avec les institutions européennes a été celui enregistré en janvier 2016 : puis, une note interne (d'abord tenue secrète) du ministère des Affaires étrangères envoyée aux autres ministères marocains leur demandait de cesser tout contact ou réunion avec les différents départements. de l'Union européenne à Rabat» note EFE. Cette décision a été prise en protestation contre l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) un mois plus tôt (10 décembre 2015), qui avait considéré comme nul l'accord agricole et de pêche entre l'UE et Rabat incluant le territoire du Sahara. Le Parlement européen a voté, en revanche, début 2019, un texte étendant au territoire du Sahara les tarifs douaniers préférentiels octroyés par accord commercial au Maroc, sans contredire la jurisprudence européenne. Le vote de ce texte marque une «nouvelle étape dans le partenariat stratégique» entre l'Union européenne (UE) et le Maroc, s'est félicitée Federica Mogherini, ancienne chef de la diplomatie européenne. Le partenariat stratégique UE-Maroc inclut notamment des aides européennes liées à la question migratoire, mais le Maroc juge l'enveloppe accordé à Rabat pour la gestion des frontières très modique.