En Algérie, le problème de l'accès à l'eau potable a suscité, au début des années 2000 ainsi qu'en 2021, des protestations qui ont parfois dégénéré en heurts, notamment au nord. M'sila, une commune algérienne située à 270 kilomètres au sud d'Alger connaît des «protestations de la soif». Des habitants s'insurgent régulièrement contre les coupures d'eau récurrentes, et leurs actions publiques sont régulièrement réprimées par les autorités. Grèves, chômage et paupérisation, flambée des prix, crise de l'eau et pénuries de denrées de base: en Algérie, un front social en effervescence s'ajoute désormais à une profonde crise économique née du déclin de la rente pétrolière et aggravée par la pandémie de coronavirus. Nombre de familles en situation de précarité ne trouvent de soutien qu'auprès d'associations de bienfaisance qui distribuent bénévolement des produits de première nécessité aux plus démunis. Pour se faire entendre, les habitants de M'sila ont organisé ces derniers mois plusieurs manifestations pacifiques, d'abord surveillées par les autorités. Mais, récemment, les forces de l'ordre algériennes sont intervenues pour disperser une marche et ont interpellé une dizaine de personnes, poursuivies pour «participation à une manifestation non autorisée». Le centre de l'Algérie subit aussi une sécheresse inédite depuis plusieurs années, qui fait baisser de façon inquiétante le niveau des réservoirs, aggrave la pénurie d'électricité et paralyse les cycles de plantation. Selon des sources, le taux national de remplissage des barrages algériens ne dépasse pas 44,63 %. Plusieurs réservoirs essentiels dans le pays sont tombés à un niveau qui ne leur permet plus de fournir d'eau aux cultures, selon des sources gouvernementales algériennes. La pénurie d'eau fait peser des menaces sur l'inflation, en particulier celle des produits alimentaires susceptibles d'aggraver la fronde sociale. La sécheresse exacerbe aussi la pénurie d'électricité dont souffre régulièrement l'économie algérienne. Mais l'agriculture n'est pas la seule à être touchée. Les grandes villes le sont aussi, à commencer par Alger qui a envisagé de rationner l'eau potable à partir de fin mai pour 4 millions de ses habitants, les interruptions préconisées pouvant aller jusqu'à huit heures par jour. «L'Algérie fait face à une situation économique difficile et inédite en raison de plusieurs facteurs : la crise structurelle héritée de l'ère Bouteflika, la chute des cours des hydrocarbures et enfin la crise du coronavirus», avait reconnu en août 2020 le premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad. Le président Abdelmadjid Tebboune a déjà exclu de contracter des prêts auprès du FMI et des organismes financiers internationaux, au nom de la «souveraineté nationale».