Dans la capitale, où la situation est la plus préoccupante, un dispositif de rationnement d'eau a été mis en place. L'approvisionnement en l'eau potable se fera durant huit heures seulement. «L'alimentation en eau potable, au niveau de toutes les communes de la wilaya d'Alger, sera assurée, chaque jour, entre 12 H et 20 H», informe le gestionnaire Seaal. Plus d'un 3,9 million d'habitants d'Alger et des environs seront privés d'eau potable, en raison d'une sécheresse persistante qui a contraint les autorités locales à restreindre drastiquement leur approvisionnement. La capitale algérienne ne recevra plus que son volume normal d'eau potable que durant huit heures, a annoncé la Société de l'eau et de l'assainissement d'Alger (Seaal), lundi 17 mai. Les raisons ayant poussé l'entreprise à prendre cette mesure sont liées à «la baisse de la pluviométrie enregistrée durant les trois dernières années a provoqué un déficit dans la quantité d'eau superficielle stockée dans les barrages, engendrant perte dans le volume de production de 340 000 m3/jour (de 1,2 million de m3/jour à 860 000 m3/j.)». Le pays a subi ces dernières années une très forte sécheresse, aggravée par des phénomènes météorologiques qui ne permettent pas aux autorités de refaire des réserves d'eau. Par ailleurs, la gestion défaillante du secteur de l'eau ces dernières décennies a aggravé et de façon significative la crise dans le pays. Les contours de ce sujet, en particulier techniques, sont souvent occultées par les discours gouvernementaux. Ceci sachant que la capitale est «alimentée en eau potable à partir de trois ressources : à 60 % par des eaux de barrages (eaux superficielles), à 20 % par les forages (eaux souterraines) et à 20 % par les eaux dessalées». La Seaal mentionne qu'«un programme d'urgence a été mis en place et permettra d'améliorer cette situation». Il s'agit du «renforcement des ressources souterraines par la réalisation de 100 nouveaux forages et de la réhabilitation et extension de 03 stations monobloc de Dessalement d'eau de mer (Palm Beach, Aïn Benian et Zéralda)». L'Algérie n'est pas dotée de nombreuses sources d'eau utilisables. En conséquence, près de 40% de la population algérienne souffre de stress hydrique. Le pays est essentiellement désertique et les précipitations minimales qu'il reçoit sont saisonnières. Une grande partie de son eau provient de quelques réservoirs et, de plus en plus, de dessalement. La surexploitation des ressources en eau est également un risque important, en particulier dans le sud et le centre du pays, où les eaux souterraines sont la source d'eau la plus fiable. Les prélèvements des eaux souterraines algériennes représentent environ le double du taux de recharge, avec 3 milliards de m3 prélevés chaque année et 1,5 milliard de m3 renouvelés. En conséquence, les aquifères algériens sont devenus de plus en plus contaminés et salins. Les problèmes de pénurie d'eau en Algérie ne se limitent pas aux régions du sud et du centre du pays, peu peuplées. Les trois quarts des Algériens vivent dans les villes, ce qui est principalement dû au grand nombre de personnes qui migrent des zones rurales vers les zones urbaines. Cela a exercé une pression aiguë sur les approvisionnements en eau des municipalités et les pénuries d'eau dans les villes sont courantes depuis les années 1990. Les habitants d'Alger, par exemple, n'ont accès à l'eau potable que 30% du temps. D'ici 2025, la population de la capitale devrait passer à plus de quatre millions d'habitants. En plus de la forte demande en eau, les infrastructures hydrauliques des villes algériennes ont contribué à une gestion inefficace de l'eau : jusqu'à 30% de l'eau est perdue en transit, en raison de fuites, de ruptures et de vols, alors que les gouvernements sont peu poussés à investir dans des équipements d'économie d'eau. En dépit de l'affectation de 18 milliards de dollars à des projets d'eau dans son plan d'investissement 2015-2019, le gouvernement algérien a plutôt imposé des mesures d'austérité, sachant que la fracturation hydraulique est incroyablement gourmande en eau et risque de mettre plus de pression sur des approvisionnements en eau déjà fragiles.