Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, a accordé une interview, le 6 mai, à la chaîne officielle du Comité américain pour les affaires publiques israéliennes (AIPAC), où il a affirmé qu'une forte conscience identitaire et des liens concrets unissent les juifs marocains à leur pays d'origine. Nasser Bourita, a rappelé que les liens que la diaspora judéo-marocaine entretient avec son pays d'origine sont solides. «Outre les liens institutionnels, la diaspora judéo-marocaine se perpétue par des liens informels et contribue à la préservation du judaïsme marocain au Maroc», a affirmé le chef de la diplomatie marocaine. «La population juive vit au Maroc depuis des siècles. Ils font partie de la population marocaine. Ils ont nourri et enrichi l'identité marocaine (…) Notre Constitution est peut-être la seule du monde arabe et musulman à mentionner la composante juive comme une composante importante de son identité», a indiqué le chef de la diplomatie marocaine. «Les relations entre la communauté juive et les monarques marocains datent du 15e siècle. En effet, lorsque la communauté juive a été expulsée d'Andalousie, elle a été accueillie par le Maroc. Feu le Roi Mohammed V a rejeté les lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy et a refusé de remettre la communauté juive marocaine au régime nazi», a-t-il rappelé. «Et aujourd'hui, le Roi Mohammed VI fournit beaucoup d'efforts afin de préserver cet héritage. Le Monarque a ainsi ordonné la rénovation de quelque 170 cimetières et lieux saints au Maroc. Près de 20 synagogues ont été également restaurées (…) Nos programmes scolaires font référence à la composante juive de l'histoire marocaine. Un fait unique dans le monde arabe et musulman (…) Nous avons aussi au Maroc des synagogues avec des tribunaux hébraïques. C'est pourquoi cette formulation est très particulière. Elle est unique et a pu être sauvegardée par les engagements des Rois du Maroc, mais aussi par la volonté du peuple marocain», a-t-il ajouté. «Nous avons eu des contacts avec Israël pendant des années. En 1994, les deux Etats ont ouvert chacun un bureau de liaison entre eux. Bien sûr, les relations diplomatiques formelles ont été interrompues pendant quelques années. Mais les contacts avec Israël n'ont pas été suspendus», a expliqué le ministre. «A la suite de l'Accord signé en décembre, nous avons pris des mesures concrètes (…) Deux bureaux de liaisons ont été ouverts à Rabat et à Tel-Aviv (…) Nous avons également créé huit groupes de travail. Nous avons donc aujourd'hui tous les outils pour approfondir notre coopération. Nous disposons également d'une volonté politique. J'espère que nous échangerons très bientôt des visites de haut niveau (…) Et comme il s'agit d'une décision de conviction, nous irons le plus loin possible dans le développement de la coopération bilatérale au bénéfice des deux peuples et au bénéfice de la région également», a soulevé Nasser Bourita. S'agissant des relations Maroc-USA, le responsable a relevé que le royaume est le seul pays africain signataire d'un accord de libre-échange avec les Etats-Unis et que le Maroc est considéré par les USA comme un allié géostratégique dans la région. «Nous sommes le seul pays africain à avoir signé un accord de libre-échange avec les Etats-Unis. Nous avons également renforcé notre coopération militaire à travers la coordination d'une commission. De plus, nous sommes un allié majeur non-OTAN des Etats-Unis depuis 2012 et nous menons une guerre commune contre le terrorisme. Nos relations sont donc profondément enracinées dans l'histoire. Nous pouvons également travailler ensemble en faveur du changement climatique, du développement de l'Afrique et de la promotion de la paix au Moyen-Orient», a-t-il fait observer.