Au moins 400 000 personnes appartenant à 60 000 familles de condition modeste vivent de la culture du cannabis, généralement dans de petites fermes du nord du Maroc, selon une étude gouvernementale. Selon des données relatives à la situation de la culture et du commerce de l'herbe au Maroc, présentées mardi par le ministère de l'Intérieur en commission parlementaire de la Chambre des représentants, les exploitations de moins d'un hectare représentent 80% du total des terres cultivées, avec une moyenne de 1,25 hectare pour chaque famille. La culture du cannabis est principalement concentrée dans les provinces du nord du pays (Al Hoceima, Chauen, Ouazzane, Taunat, Larache et Tétouan), selon l'étude, qui souligne que les superficies cultivées sont passées de 130 000 hectares en 2 000 à moins plus de 50 000 ces dernières années. Le gouvernement validé jeudi 11 mars un projet de loi légalisant le cannabis «thérapeutique», tout en maintenant l'interdiction de son usage récréatif. Le texte, qui doit encore être entériné par le Parlement, prévoit la création d'une «agence nationale de régulation» chargée de «développer un circuit agricole et industriel», avec «périmètres réglementaires», «coopératives d'agriculteurs autorisés» et «plants certifiés». L'objectif est de «reconvertir les cultures illicites destructrices de l'environnement en activités légales durables et génératrices de valeur et d'emploi», selon le projet de loi diffusé. Entre 16 000 et 75 000 dirhams par an La même source a mis en évidence un écart de niveau de revenu en fonction du type de terre et de sa productivité. Par exemple, le revenu net annuel par hectare va de 16 000 dirhams pour les terres pluviales les moins fertiles à 75 000 dirhams pour les terres irriguées, revenus qui, selon le rapport, a diminué ces dernières années. Selon le rapport, la légalisation de l'usage médical et récréatif du cannabis en Europe et ailleurs menace de faire disparaître le marché d'exportation du cannabis marocain illégal dans les années à venir, et les prémisses de cette lente disparition sont perçues, selon l'étude, à travers la baisse du prix et des quantités vendues du cannabis. La culture illégale du cannabis au Maroc est nocive pour l'environnement, assèche les eaux souterraines et provoque la déforestation, une situation qui a été aggravée par l'introduction ces dernières années d'une espèce hybride de cette plante plus exigeante en eau. Précarité des cultivateurs Le rapport détaille également la précarité et la pauvreté subies par le petit cultivateur de cannabis exploité par les trafiquants de drogue, et qui vit dans «un semi-secret qui l'empêche de s'intégrer dans la vie sociale» par crainte de persécution légale. De plus, l'étude a mis en évidence que le marché mondial du cannabis représente un volume de 13,8 milliards de dollars (11,4 milliards d'euros). L'étude a émis des hypothèses sur les destinations possibles du cannabis marocain s'il entre dans le circuit légalisé, et a souligné que l'Europe pourrait constituer le principal marché du cannabis légalisé, en particulier l'Espagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l'Allemagne, avec des prévisions de 25 milliards de dollars. (20 800 millions d'euros) à l'horizon 2028.