Depuis un an, les Israéliens marchaient dans les rues sans que l'on puisse voir leurs visages, barrés de masques sanitaires. Mais dimanche, ces derniers sont tombés à l'extérieur, signe d'une première «victoire» contre le coronavirus dans le pays. Au coin des rues Jaffa et King Georges, les bus et le tramway se délestent de leurs flots de passagers retirant leurs masques. À l'intérieur, ceux-ci sont obligatoires, à l'extérieur, il ne le sont plus depuis ce jour, dimanche. Eliana Gamulka, cheveux blonds, bouclés et yeux azur, sort d'un bus et attache son masque jaune à son poignet droit. Un geste simple, mais pour la première fois légal en plus d'un an. «Craintes» À la sortie du bus, d'autres gardent encore leurs masques ou le portent à la gorge afin de le remonter à l'entrée, par exemple, d'un commerce. Ester Malka, qui se dit «habituée» à porter le masque, préfère attendre encore un peu avant de l'ôter dans la rue. Le ministre israélien de la Santé, Yuli Edelstein, a annoncé jeudi soir, en marge des célébrations de l'indépendance du pays, la levée de l'obligation de porter le masque dans les lieux publics extérieurs à la faveur d'une intense campagne de vaccination. Celle-ci a été permise grâce à un accord entre l'Etat hébreu et le géant pharmaceutique allemand Pfizer. En échange d'un accès rapide à des millions de doses du vaccin, Israël, qui dispose des données médicales digitalisées de l'ensemble de sa population, a fourni à Pfizer des données réelles sur l'effet de la vaccination. Des chercheurs ont qualifié cette campagne de vaccination de «plus grande phase 4 au monde» après les trois séries de tests cliniques réalisées sur des échantillons humains contrôlés. Dès l'annonce des autorités sanitaires, les masques ont commencé à disparaître en Israël. Et, jeudi soir, dans les bars du marché central de Mahané Yehuda à Jérusalem, les sourires se lisaient à nouveau sur les visages. «Pub pour Pfizer» Depuis décembre, près de cinq millions d'Israéliens (53 % de la population) ont reçu les deux doses du vaccin, soit environ 80 % de la population âgée de plus de 20 ans selon les données officielles du pays qui a enregistré quelque 836 000 cas de Covid-19 et plus de 6 300 décès. En janvier, Israël a connu un pic de 10 000 cas par jour, malgré sa campagne de vaccination, les effets du vaccin prenant quelques semaines avant de se faire sentir. Puis, la courbe a commencé à progressivement s'aplanir pour permettre aux autorités début mars de rouvrir les bars, les restaurants et les cafés. Et ces derniers jours, le pays n'a enregistré que 200 cas quotidiens. «Il n'y a pas de meilleure pub pour Pfizer», dit sur le ton de l'humour, Shalom Yatzkan, un informaticien d'une quarantaine d'années, qui a lui-même été contaminé par la Covid-19. «J'espère seulement que les variants ne vont pas nous rattraper», a-t-il souhaité.